[Mise à jour du 11 mai 2018] Reçue par la ministre des Transports, la CFDT Cheminots considère que "qu'on est [enfin] dans l'ouverture d'une négociation".
Pour la première fois depuis le début du conflit fin avril, les organisations syndicales ont été reçues par le Premier ministre, Edouard Philippe, lors de réunions bilatérales le 7 mai. Les discussions devraient repartir sur de nouvelles bases.

[Mise à jour du 11 mai] A la sortie du ministère des Transports, le secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminots, Sébastien Mariani a défini la rencontre avec Elisabeth Borne, d'"échange que l'on peut qualifier de négociation", tout en jugeant qu'"il est beaucoup trop tôt pour parler d'avancées à ce stade". |
Le gouvernement serait-il disposé à sortir de la logique « bloc contre bloc » que déplore Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT ? Après des semaines de dialogue infructueux, les organisations syndicales qui avaient dénoncé un simulacre d’échanges et renoncé à se présenter aux réunions de concertation avec la ministre des Transports , ont finalement été reçues, comme elles l’avaient demandé, par le Premier ministre le 7 mai. Il semblerait que ce dernier ait entrouvert une porte pour dialoguer. Le projet de loi sur la réforme ferroviaire, qui a été voté en première lecture à l’Assemblée nationale le 17 avril, sera examiné au Sénat en séance publique le 29 mai. D’ici deux semaines, « des amendements pourraient être intégrés au texte » a-t-il déclaré.
« La fenêtre de tir est étroite mais la discussion va avoir lieu », assure Laurent Berger en sortant de Matignon. « La CFDT va déposer des amendements sur le projet de texte de la réforme. J’espère qu’elle sera entendue cette fois ».
Après quatorze jours de grève, bientôt seize, et tandis que la mobilisation dure, les points qui fâchent demeurent. « Nous n’avons pas voulu cette réforme. Mais ce que nous souhaitons maintenant, c’est améliorer le texte », martèle Laurent Berger.
Edouard Philippe l’a répété, « il n’y a aura pas de retour en arrière sur les éléments fondamentaux d’un projet de réforme qu’il souhaite mener jusqu’au bout et qui a obtenu le soutien de 450 députés à l’Assemblée nationale. Mais il est d’accord pour discuter d’un certain nombre de sujets qui n’ont pas été préparés en amont du projet et qui posent problème », a ajouté le secrétaire général de la CFDT qui entend rester combative « par la qualité de ses propositions et par la mobilisation de ses cheminots. »
La CFDT propose 42 amendements
Trois séries d’amendements, 42 au total, vont être mis sur la table par la CFDT : plus d’une vingtaine portent sur la sécurisation des parcours professionnels des cheminots dans le cadre de l’ouverture à la concurrence (conditions du transfert des personnels vers un autre opérateur, modalités de retour vers l’opérateur historique, formation des personnels au sein de la branche ferroviaire, etc.). Une deuxième série traite de la nouvelle gouvernance de la SNCF et insiste, notamment, sur l’incessibilité des capitaux de la nouvelle société ou, encore, le maintien d’une activité de fret dans le groupe ferroviaire public. Enfin, la CFDT propose des mesures qui concernent l’ensemble des citoyens dans cette réforme : quel système ferroviaire veut-on face aux enjeux de la transition écologique ? Qui va gérer les gares ? Quel système sera conservé pour assurer la sécurité des voyageurs ?
Et, comme au début du conflit, la CFDT réclame de la part de l’État des annonces précises sur le montant de la dette qu’il reprendrait à sa charge. Dernier point, mais qui n’est pas le moindre, la CFDT a rappelé au gouvernement que l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP), l’organisation patronale du secteur, doit accepter de négocier une convention nationale pour la branche ferroviaire, laquelle n’existe pas dans notre pays. « Nous ne savons pas si l’État va faire pression sur l’UTP ni comment, mais c’est indispensable pour que nous puissions entrevoir une sortie de crise », explique Thomas Cavel de la CFDT Cheminots.
Les concertations redémarrent
Les organisations syndicales ne sont pas toutes sur la même ligne, mais elles sont d’accord sur le fait que sans un engagement clair de l’État sur un cadre social de bon niveau pour les cheminots demain, leur mobilisation ne faiblira pas. « En tous cas, nous avons obtenu que la ministre des Transports, Elisabeth Borne, soit maintenant mandatée pour étudier nos amendements. Ce qui n’était pas le cas jusqu’ici », précise Thomas Cavel. Les syndicats de cheminots qui le souhaitent seront reçus par la ministre des Transports le 11 mai et seront de nouveau conviés à Matignon le 24 ou 25 mai. D’ici là, une nouvelle réunion de l’intersyndicale est prévue mercredi 9 mai en fin d’après-midi pour décider de la suite à donner au mouvement.