La nécessité de réduire les externalités négatives liées à l’usage de l’automobile, qu’elles soient environnementales,économiques ou sociétales, s’impose de plus en plus fortement aux territoires métropolitains et constitue un réel défi pour les pouvoirs publics.

Dans ce contexte, de nouveaux services de mobilité partagée se développent, portés par le numérique.
Reposant sur un découplage croissant entre possession et usage de la voiture particulière, ils permettent à la fois de compléter l’offre de transport existant en milieu urbain et de répondre à une demande de plus en plus forte de la population.
Parmi l’ensemble de ces services, les voitures de transport avec chauffeur sont en plein essor. La diffusion du téléphone mobile durant les années 2000, puis du smartphone et des systèmes de géolocalisation par satellite (GPS) depuis le début des années 2010, a engendré un bouleversement de l’industrie du transport des personnes. Grâce aux applications mobiles, que chacun d’entre vous a, vous pouvez désormais être en mesure de vous géolocaliser pour demander à être pris en charge par le véhicule le plus proche, sans passer par un standard téléphonique. On aurait tort de croire que le bras de fer entre les taxis et les VTC ne concerne que G7 et Uber. Ce bras de fer pose deux questions cruciales pour notre pays. La première est celle du rôle de l’État en tant que régulateur et arbitre, la seconde est la perception des consommateurs. À l’heure où la révolution digitale transforme tous les secteurs économiques, certains perçoivent l’évolution technologique comme une menace, d’autres comme une opportunité.
Qu’est ce que l’Ubérisation ?
L’ubérisation est un mot connu depuis que le Pdg de Publicis a utilisé l’expression tout le monde craint de se faire ubériser. Pourquoi ubérisation ? car à l’époque (ndlr - 2014), Uber était la principale entreprise mettant en relation des personnes privées entre elles. Depuis ce temps-là, beaucoup utilisent ce terme, mais beaucoup se demandent aussi ce qu’il signifie.
Qu’est ce qu’Uber ?
Tout simplement une plateforme numérique (considérée comme un logarithme par Uber) qui met en relation deux personnes privées ; l’une consommatrice, l’autre travailleur indépendant qui fourni un service à ce consommateur. En employant des indépendants, Uber a réduit ses normes et ses charges tout en créant une situation de monopole.
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De quels services parle-t-on ? |
![]() Service de transport avec chauffeur professionnel |
Ce sont les services de transport proposés via une application de mise en relation avec un conducteur professionnel. Ils correspondent aux voitures de transport avec chauffeur (VTC). Ce sont donc UBERX – Chauffeurs Privés – Allo Cab ou Le Cab. |
Service de transport avec conducteur occasionnel |
Ce sont des services proposés via une application de mise en relation avec un conducteur non professionnel. Il faut savoir que les applications de mise en relation avec un conducteur occasionnel (uberPOP et Djump) ont été suspendues en France le 3 juillet 2015. |
Cerise sur le gâteau, Uber a très peu fait d’investissements car ce sont les propres travailleurs d’Uber qui investissent eux-mêmes dans leur outil de travail. Ce modèle créé par Uber demeure puissant car peu consommateur
d’investissement, mais aussi très populaire auprès de ses utilisateurs. En résumé, l’ubérisation c’est l’apparition d’une plateforme qui permet l’accès à un service. Il faudrait donc non pas parler d’économie participative, mais d’économie de plateforme. Refuser l’existence d’une nouvelle économie, c’est considérer que le rôle d’une organisation syndicale n’est pas de créer ni d’anticiper de nouveaux droits pour ces travailleurs, mais le cantonner à un rôle d’encadrement, où, finalement, nous n’aurions que très peu de levée d’action. D’autant plus que tout est à construire, notamment dans le cadre du dialogue social et de la protection sociale.
La CFDT Transports Environnement a donc l’obligation de s’intéresser à cette économie et de prendre en charge ces travailleurs. Sinon, c’est laisser construire une économie sans contrôle et des salariés dans la précarité la plus totale. C’est d’ailleurs le choix qu’elle a fait en bureau fédéral en juin dernier en s’inscrivant dans une démarche expérimentale de syndicalisation et de développement au sein des entreprises de VTC.
Une construction d’un modèle social difficile
Pour construire ce nouveau modèle social, il faudra être deux partenaires sociaux responsables. La FGTE n’acceptera en aucun cas que le discours qui consisterait à dire que les mêmes règles doivent s’appliquer à tous soient celles du moins disant social où, notamment, l’on s’affranchi des règles sociales et fiscales du pays dans lequel exerce le travailleur de cette nouvelle économie.
Pour la fgte, le salariat doit rester le modèle au sein du transport
La question qui se pose est plutôt comment aller à la rencontre de ces travailleurs, comment les organiser, comment les structurer pour ensuite leur obtenir les mêmes droits que les chauffeurs de taxis. De plus, la stratégie menée aujourd’hui par les organisations patronales du secteur consistant à dire que cette économie engendre de la concurrence déloyale ne doit pas être une occasion de voir les charges et normes diminuées pour les entreprises du secteur.
Alors les entreprises de transport routier doivent-elles redouter ou se féliciter de l’ubérisation ?
Certaines entreprises vont tirer leur épingle du jeu ; d’autres vont disparaître. Aujourd’hui, le secteur s’adapte après l’arrivée de cette nouvelle économie. On pourrait tout à fait penser que dans le cas du TRM, on constate des formes de concurrence déloyale et que seulement ensuite on crée des réglementations et des normes qui tenteront de réguler l’arrivée des nouveaux entrants sur le marché.
En gros, on laisse l’économie se développer et ensuite on la régule par le bas. Le meilleur moyen de contrer cette économie, c’est l’anticiper et la cadrer avant qu’elle ne se développe. Prenons l’exemple des VTC, avec l’adoption de la loi Thévenoud. Il aurait fallu réfléchir par avance à ce nouveau marché afin de l’encadrer.
Avec ces nouveaux entrants et les mutations du secteur, la valeur transport se déplace. Toutefois, certaines activités traditionnelles perdureront. Le fait d’effectuer une prestation avec chauffeur d’un point A à un point B existera toujours autant, mais dégagera moins de marges.
Pour ce qui est de la Fédération, c’est l’objet des réflexions que nous devrons mener prochainement lors de notre 12 Congrès de Paris. La question qui est posée à la CFDT est de choisir quel syndicalisme nous souhaiterons porterensemble dans les années à venir.L’économie du particulier, « LE vrai danger » pour le secteur du transport routier
Le véritable danger pour le monde du transport ce n’est pas l’économie de plateforme, mais l’économie du partage dans le transport. C’est-à-dire l’économie du particulier. Le particulier a un capital, son moyen de transport
(voiture, vélo, utilitaire), et s’il se met à l’utiliser pour le rentabiliser afin de fournir un service, alors il y aura des conséquences dans le secteur des transports. C’est aujourd’hui le système BlaBlaCar et Airbnb qui reste facilement hors de portée de tous contrôles économiques, sociaux et fiscaux.
Les nouveaux entrants viendront-ils bouleverser les modèles économiques ?
Il ne faut pas non plus tout focaliser sur l’arrivée de cette nouvelle économie, mais s’intéresser à l’impact que pourront avoir l’arrivée de nouveaux entrants. Prenons les conducteurs indépendants. Ils ont la même norme que celle appliquée aux conducteurs salariés. C’est ensuite le nouvel entrant qui, par sa proposition, viendra ou non bouleverser le modèle économique. Innovation et modernisation seront nécessaires, mais finalement on peut aussi se dire qu’un jour, le transporteur de demain, constitué d’outils connectés, viendra faire du transport à prix, non pas à pertes, mais coûtant, tout en générant du bénéfice. Le monde du transport routier est en constante évolution, sa capacité à se remettre en question en a fait sa force.
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le.taxi, la plateforme créée par l’état qui veut concurrencer Uber |
La plateforme électronique « le.taxi », développée par l’Etat pour permettre la mise en relation de taxis et de leurs clients via des applications pour smartphones, a été officiellement mise en service mardi 15 mars à Montpellier, où elle a été testée depuis trois mois. Prévue par la loi Thévenoud du 1er octobre 2014, présentée en octobre 2015, « le.taxi » a été lancé auprès du grand public, en commençant par l’agglomération de Montpellier, où la maraude électronique est largement acceptée. Les Montpelliérains peuvent désormais héler un taxi depuis leur smartphone, en utilisant une application mobile conçue à cet effet. Ce nouveau service entraîne un changement majeur dans la relation entre les taxis et leurs clients. En supprimant l’absence de frais d’approche, les chauffeurs s’engagent à ne pas faire tourner leur compteur tant qu’ils ne sont pas arrivés sur le lieu de la commande |
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