Interpellation de la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen, lors du Comité Exécutif de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) par le Comité des jeunes

Dans le cadre du comité exécutif de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) qui se tenait en décembre dernier, et qui a rassemblé des acteurs syndicaux de toute l’Europe, il a été donné la possibilité aux différents participants d’interpeller et de poser des questions à la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen, dans un moment crucial de mise en place de la commission nouvellement composée.

Le comité exécutif a été l’occasion de soumettre à la présidente de la Commission des propositions concrètes visant à renforcer les droits des travailleurs et à garantir une Europe plus juste et équitable.

Le rôle de la CES est primordial pour veiller à ce que les droits des travailleurs soient pris en compte dans les décisions politiques, en particulier dans un contexte de crise économique, de changements environnementaux et de transformations numériques.

Cette réunion a revêtu une importance particulière, car elle a permis d’engager un dialogue direct avec Ursula von der Leyen, dont l’agenda politique inclut des réformes sociales majeures à l’échelle européenne.

Dans ce cadre, C. Ruffié, représentante FGTE-CFDT, Présidente du comité des jeunes de la CES, a pris la parole :

« Madame la Présidente,

Permettez-moi de vous remercier pour l’opportunité de m’adresser à vous.  Nous sommes à un tournant crucial, et l’un des défis les plus pressants demeure l’insertion des jeunes dans le marché européen sur des emplois stable et de qualité.

La précarité, le chômage de longue durée, et le décalage entre les compétences acquises et celles demandées par les employeurs restent des réalités préoccupantes.

En tant que jeunes citoyens européens, nous croyons fermement que l’Europe doit être à la hauteur et offrir des opportunités concrètes.

Vous aviez fait de 2022, l’année européenne des jeunes à la suite de la pandémie, cela a eu un impact mais la situation des jeunes est toujours critique.

20 % en France des jeunes sans emploi, 27% en Espagne., 24% en Suède.

Alors aujourd’hui nous souhaitons vous rappeler que ce dont les jeunes ont besoin ce n’est pas d’une déréglementation constante, nous avons besoin de mesures cibles réelles assurant des emplois de qualité et mettant une bonne fois pour toute un frein aux emplois sous ou non rémunérés.

Les institutions européennes ont sollicité massivement les jeunes pour qu’ils viennent voter lors des élections européennes et un grand nombre d’entre eux ont répondu à cet appel.

J’espère que vous répondrez également au notre.

Dans les turbulences géopolitiques que connait le monde aujourd’hui.

L’Europe doit être fidèle à ses valeurs… ces valeurs que l’Europe a su défendre sur son continent en Ukraine, elle doit aussi les défendre et sans deux poids deux mesures à Gaza, en République Démocratique du Congo et ailleurs dans le monde…

Donner des perspectives d’un monde meilleur, c’est cela redonner de l’espoir à la jeunesse.

Je vous remercie »

Cette intervention s’inscrit dans le cadre du travail effectué par le comité des jeunes de la CES notamment concernant la Directive sur les stages non rémunérés.

En effet, de plus en plus de jeunes travailleurs se retrouvent dans des situations de précarité en raison de stages qui ne sont pas rémunérés ou qui offrent une compensation insuffisante pour couvrir les coûts de la vie, alors même que ces stages sont de plus en plus souvent perçus comme des passerelles indispensables vers le marché du travail.

La directive européenne sur les stages non rémunérés, vise à encadrer les conditions des stages dans l’Union européenne, notamment en ce qui concerne la rémunération des stagiaires et la reconnaissance de leurs droits en tant que travailleurs.

L’objectif principal de la directive est de lutter contre l’exploitation des stagiaires, en particulier les jeunes, en veillant à ce que ceux-ci soient mieux protégés contre les abus liés aux stages non rémunérés. Le texte vise aussi à garantir que les stages ne soient pas utilisés pour contourner la législation sur l’emploi salarié, notamment en période de crise économique.

La Confédération Européenne des Syndicats (CES) soutient fermement l’idée d’une rémunération obligatoire des stages, considérant que le travail effectué pendant un stage doit être payé comme tout autre travail. La CES estime que la rémunération des stagiaires est une question de justice sociale et d’égalité des chances. Un stage non rémunéré, selon la CES, constitue une forme de précarisation pour les jeunes et une discrimination, car seuls ceux qui peuvent se permettre de travailler sans rémunération bénéficient de ces expériences professionnelles.

Voici les principaux points de la position de la CES sur cette directive :

1. Rémunération obligatoire des stagiaires

La CES considère que les stagiaires doivent être traités comme des travailleurs à part entière. Ils doivent recevoir une rémunération décente, quel que soit le secteur dans lequel ils évoluent, afin de garantir qu’ils puissent couvrir les frais liés à leur stage (logement, transports, nourriture, etc.). Cela inclut également la nécessité d’une rémunération minimale, même dans les cas où le stage est une condition pour l’obtention d’un diplôme.

2. Lutte contre la précarité et les abus

La CES met en garde contre les dérives liées à des stages abusifs, où les jeunes sont souvent exploités pour remplacer des travailleurs salariés. La directive doit prévoir des mécanismes de contrôle efficaces pour éviter que les stages ne soient utilisés pour contourner les lois du travail, notamment en matière de salaires et de conditions de travail. De plus, la CES insiste sur le fait que les stages doivent avoir une finalité pédagogique claire, et non pas être une forme de main-d’œuvre gratuite.

3. Protection sociale pour les stagiaires

La CES plaide également pour que les stagiaires bénéficient d’une protection sociale complète (accès à la sécurité sociale, assurances, congés payés, etc.) pendant la durée de leur stage. Cela inclut également l’accès aux droits de formation et aux possibilités de certification des compétences acquises pendant le stage.

4. Règles claires pour tous les secteurs

Les règles sur la rémunération des stages doivent être harmonisées à l’échelle européenne pour éviter que certains pays ou secteurs deviennent des « paradis des stages non rémunérés ». La CES exige des garanties pour que tous les secteurs respectent les principes de rémunération et de traitement équitable des stagiaires, et que des sanctions soient prévues en cas de non-respect des règles.

5. Encouragement de la diversité et de l’égalité des chances

La CES souligne également que l’accès aux stages ne doit pas dépendre de la situation socio-économique des candidats. Les jeunes issus de milieux moins favorisés doivent avoir les mêmes opportunités que les autres. La rémunération des stages contribue ainsi à réduire les inégalités sociales et à favoriser l’inclusion professionnelle.

6. Un cadre de régulation européen La CES appelle à une régulation stricte au niveau européen pour encadrer les stages, et notamment la mise en place d’une directive contraignante qui impose une rémunération minimale et des garanties de conditions de travail équitables dans tous les États membres de l’Union Européenne. L’objectif est d’assurer une protection égale pour les stagiaires, indépendamment du pays dans lequel ils effectuent leur stage.

La FGTE fortement mobilisée à Bruxelles pour lutter contre l’austérité !

Pourquoi cette mobilisation ?

Le 12 décembre dernier se déroulait à Bruxelles, une manifestation organisée par la CES (Confédération Européenne des Syndicats) pour exprimer une forte opposition au projet de lancement du programme d’austérité 2.0 prévu pour l’année à venir.

En effet, les ministres finances de tous les pays de l’UE étaient réunis à Bruxelles et certains avaient pour but de faire pression afin que l’Europe revienne à des règles d’austérités strictes, ce qui entrainerait de lourdes coupes budgétaires pour les gouvernements des Etats membres et auraient un impact direct sur les travailleurs.

Cette mobilisation était particulièrement importante car revenir à une politique d’austérité peut directement jouer sur les politiques d’accès à des soins de qualité, à l’éducation, à des conditions de travail dignes. Ces négociations mettaient à mal les éléments qui permettent à nos sociétés de prospérer.

Les travailleurs et leurs proches ont besoin d’investissements publics dans l’éducation, les soins de santé, les salaires et un avenir durable. Aujourd’hui encore plus qu’hier avec cette inflation galopante.

Un focus fait par ETF sur la défense du Fret ferroviaire suite à l’adoption de la motion d’urgence lors du congrès de la CES

Lors de cette manifestation ETF avait demandé à ses affiliés de venir nombreux car elle mettait en place une action forte pour défendre le fret ferroviaire suite à la motion d’urgence adoptée lors du congrès de la CES. Les cheminots d’ETF avaient un message important à adresser à la Commission Européenne : plus d’investissements publics pour stimuler le transport ferroviaire de marchandises dans toute l’Europe et le déclarer comme un service d’intérêt public.

ETF est fortement impliqué aux côtés de ses affiliés français et allemands suite aux enquêtes menées sur Fret SNCF et DB Cargo pour avoir prétendument reçu des aides d’état illégales.

Le transport ferroviaire de marchandises est un modèle de durabilité environnementale, émettant 9 fois moins de CO2 que le transport routier pour les mêmes quantités de marchandises. Chaque train de marchandises en Europe remplace effectivement plus de 50 camions sur les routes, faisant du fret ferroviaire l’un des moyens de transport de marchandises les plus respectueux de l’environnement. Cela joue un rôle central dans la réalisation des objectifs ambitieux du Green Deal.

Cependant, malgré l’objectif de la Commission européenne de doubler la part modale du fret ferroviaire d’ici 2050, la part modale actuelle du rail dans le transport de marchandises européen se situe à un plus bas historique de 11,5 % en 2020 depuis la libéralisation du secteur en 2006.

L’ETF exige sans équivoque que la Commission européenne mette fin à ses enquêtes sur ces entreprises et désigne plutôt le fret ferroviaire comme un service d’intérêt général. Au lieu de promouvoir des mesures d’austérité et de pénaliser les autorités qui investissent dans ce mode de transport respectueux de l’environnement, la Commission européenne devrait lancer des politiques encourageant les investissements dans le fret ferroviaire.

La FGTE CFDT était très bien représentée au côté de sa confédération grâce à ses nombreux militants issus des différents secteurs qui avaient fait le déplacement à Bruxelles pour venir exprimer leur colère et exprimer leur solidarité européenne.

Congrès de la CES-Motion fret

La FGTE CFDT fortement impliquée lors du congrès de la CES dans la délégation de l’ETF

Le 15ème congrès de la Confédération européenne des syndicats s’est tenu du 23 au 26 mai à Berlin. Nous y avons fêté les 50 ans de la CES dans un contexte de crise : les effets de la crise sanitaire, la guerre en Ukraine, la forte inflation, le réchauffement climatique et la montée de l’extrême droite.

Lors de ce congrès, la FGTE-CFDT était la seule organisation syndicale française à faire partie de la délégation ETF en envoyant 2 délégués (fédération européenne des travailleurs des transport) et c’est au service de tous travailleurs des transports français qu’elle a œuvrée à ce congrès. En effet, très largement soutenue par les autres membres de la délégation ETF, elle a largement contribué à pousser la motion sur le fret ferroviaire en réponse à l’actualité de ce secteur (discontinuité de la société de FRET SNCF suite à une enquête de la commission avec un avenir très incertain pour les salariés) sur les 8 adoptées (le fret ferroviaire, Cuba, l’Iran, la mobilisation contre l’austérité, le Qatar, la Turquie, le droit de grève, l’Ukraine).

Cette motion fret est la seule motion sectorielle adoptée par le congrès de la CES et c’est un message fort envoyé à la Commission Européenne par les 45 millions de travailleurs qu’elle représente à travers les organisations syndicales et fédérations affiliées.

Le message envoyé par la CES à la commission européenne est clairement que cette décision reflète un paradoxe qui menace l’existence de milliers de travailleurs du secteur ferroviaire européen ainsi que les générations futures.

De plus, ce congrès avait également une symbolique forte pour la CFDT dans son ensemble car Laurent Berger qui œuvrait depuis 2019 (élu avec 95,9 % des voix) comme Président de la CES passait le témoin à Esther Lynch.

Le congrès a voté le rapport d’activité à l’unanimité, de nombreux travaux structurants ayant été réalisés sous cette mandature (directive salaire minimum, directive transparence salariale).

Lors du congrès, une charte des valeurs largement inspirée de celle de la CFDT ainsi que le Manifeste de Berlin (programme d’action 2023-2027) ont été adoptés. Les thèmes abordés sont : « le renouveau syndical, changer l’avenir du travail, une économie au service du peuple, ensemble pour notre avenir européen, ensemble pour une CES forte ».

Ce manifeste se veut d’être un message fort contre l’extrême droite et le populisme comme le disait Laurent Berger lors de son discours : « partout où ils gouvernent, les droits reculent, ceux des travailleurs, des migrants ou des minorités (…). Tous les reculs démocratiques sont des reculs pour les droits des travailleurs. ».