Du 19 au 23 mai, la ville d’Èze-sur-Mer a accueilli une semaine de formation dédiée aux jeunes syndicalistes du secteur ferroviaire. Organisée par le syndicat allemand EVG (Eisenbahn- und Verkehrsgewerkschaft), cette initiative a été soutenue financièrement par la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF).
Cette rencontre a rassemblé de nombreux jeunes professionnels venus d’Allemagne (EVG), d’Autriche (Vida) et de Suisse (SEV), issus de différentes branches des entreprises ferroviaires et des gestionnaires d’infrastructure.
Des échanges riches et transnationaux
Tout au long de la semaine, les participants ont pu confronter leurs expériences et découvrir les réalités sociales et professionnelles de leurs pays respectifs. Les tables rondes ont permis d’aborder les différences entre les modèles sociaux, tout en identifiant les défis communs rencontrés dans le secteur ferroviaire en Europe.
Parmi les sujets traités figuraient notamment :
L’attractivité des métiers ferroviaires
Les conditions de travail et les droits sociaux
La place des jeunes et des femmes dans les entreprises et dans le dialogue social
L’impact de la libéralisation du secteur et l’ouverture à la concurrence
La situation politique européenne n’a pas été oubliée : les débats ont également porté sur la montée des populismes et de l’extrême droite, et sur les attentes de la jeunesse face aux mutations profondes du paysage ferroviaire.
Focus sur la France : réformes et réalités
Grâce à la participation de la CFDT-Cheminots, les collègues étrangers ont pu mieux appréhender les enjeux actuels du secteur ferroviaire français, notamment en ce qui concerne les réformes récentes, l’ouverture à la concurrence et leurs conséquences pour les cheminots.
Des visites de terrain ont enrichi cette semaine : les participants ont découvert le nouveau centre de maintenance de Transdev ainsi que le Poste de Régulation et de Sécurité (PRS) de Nice. Ces immersions ont permis de mieux comprendre, de façon concrète, les réalités du travail ferroviaire en France.
Une dynamique européenne à poursuivre
Cette semaine de formation a été une expérience humaine et professionnelle enrichissante, marquée par la solidarité et l’engagement commun. Elle a permis de renforcer les liens entre jeunes syndicalistes européens, de partager des savoirs, et de construire une vision collective pour l’avenir du secteur ferroviaire.
Un grand merci à l’EVG pour son accueil dans sa maison syndicale et à l’ETF pour son précieux soutien.
Béatrice Lestic, Secrétaire nationale CFDT responsable notamment de la politique en matière de l’égalité professionnelle et représentante des travailleurs français à l’OIT: « Unis dans nos fiertés, solidaires dans nos droits »
1. Quel constat faites-vous aujourd’hui sur la place des femmes et des minorités dans le monde du travail en Europe ?
L’Europe a progressé, c’est vrai. Les femmes sont plus nombreuses sur le marché du travail, et les personnes gays et lesbiennes y sont plus visibles. Mais cette avancée reste incomplète, inégale et fragile.
Certaines minorités, notamment les personnes trans, sont encore massivement discriminées, surtout à l’embauche. Trop souvent, leur parcours professionnel est marqué par la précarité, l’exclusion ou le rejet. Et pour celles et ceux qui ont un emploi, la réalité, c’est celle des métiers moins valorisés, moins rémunérés, et d’une double peine sociale.
Les femmes, par exemple, continuent de représenter une large part des travailleuses pauvres… et plus tard des retraitées pauvres. L’égalité salariale reste donc un combat de tous les jours, et non une promesse en l’air.
2. Quel rôle peuvent jouer les syndicats face aux discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, notamment dans les transports ?
Un rôle clé, incontournable. Le secteur des transports est un parfait révélateur des inégalités. Les métiers sont encore extrêmement genrés : conducteurs de train, chauffeurs de bus ou de poids lourds, pilotes d’avion… Ces postes restent dominés par les hommes. Résultat : les femmes et les personnes LGBT+ y sont sous-représentées, et les métiers à forte présence féminine sont moins reconnus et moins rémunérés.
Il faut casser cette ségrégation professionnelle, ouvrir l’accès à tous les métiers, peu importe le genre. Et ça passe par l’éducation, la formation, l’exemplarité dans les entreprises… et dans les syndicats.
Oui, même dans nos structures syndicales, il y a encore trop peu de femmes et de minorités aux postes de responsabilité. À la CFDT, on agit, on change les choses. Mais il faut aller plus loin, plus vite. L’égalité ne se décrète pas : elle se construit.
3. Comment s’assurer que les politiques d’égalité deviennent réalité, et pas seulement des discours ?
Les lois sont nécessaires, mais elles ne suffisent pas. Il faut des leviers puissants pour que les textes soient appliqués, contrôlés, sanctionnés si besoin. Et ce levier, ce sont les syndicats.
Tant que les organisations syndicales n’investissent pas pleinement ces sujets, qu’elles ne poussent pas à leur application dans les branches, les entreprises, les services, les avancées resteront timides. Trop de lois dorment dans les tiroirs.
La directive européenne sur la transparence salariale, par exemple, est une vraie opportunité. À nous, syndicats, de la transformer en levier pour faire bouger les lignes. Pas demain. Maintenant.
4. Quelles actions prioritaires pour garantir un environnement professionnel sûr et inclusif pour les personnes LGBTQIA+ ?
Première priorité : la tolérance zéro face aux discriminations et aux violences, quelles qu’elles soient — sexistes, sexuelles, homophobes, transphobes. Dans le secteur du transport, les témoignages existent, et souvent ils se taisent. Nous devons créer des environnements de travail où chacun et chacune se sent en sécurité, respecté·e, légitime.
À la CFDT, on agit concrètement : on forme, on sanctionne si nécessaire, et on accompagne. Cette ligne, elle est claire : pas de place pour la haine, l’exclusion ou le mépris.
Mais il faut aussi ouvrir les portes du syndicalisme aux personnes LGBTQIA+. Leur place est dans les équipes syndicales, dans les instances, dans les négociations. C’est par leur engagement, et en les soutenant, qu’on fait progresser l’ensemble du monde du travail.
5. Quelle réponse face à la montée de l’extrême droite ? Et que peuvent faire les syndicats ?
L’extrême droite n’est jamais la solution. Elle est toujours un danger. Pour les droits des travailleurs, pour les femmes, pour les minorités, pour la démocratie.
Partout où elle accède au pouvoir — en Hongrie, en Pologne, aux États-Unis, en Argentine — elle recule les droits, attaque la liberté, stigmatise les personnes LGBTQIA+, remet en cause les droits des femmes. Elle promeut une vision fermée, autoritaire, patriarcale de la société.
À la CFDT, comme à la Confédération Européenne des Syndicats (CES) ou à la Confédération Internationale Syndicale (CSI), notre position est claire : nous combattons l’extrême droite, ses idées, ses discours, ses projets. Elle est incompatible avec les valeurs que nous portons : solidarité, égalité, émancipation.
Le syndicalisme est un rempart démocratique. Il doit le rester, et il doit l’être encore plus fort dans les années à venir.
6. Quel message souhaitez-vous adresser aux personnes LGBTQIA+ qui travaillent dans les transports et qui peuvent encore se sentir isolées ou invisibles ?
Vous n’êtes pas seul·es. Votre place est légitime. Votre voix compte.
Le monde du travail n’est pas toujours un espace sûr, c’est vrai. Mais les choses changent, et vous êtes au cœur de ce changement. À la CFDT, nous voulons des lieux de travail où chacun·e peut être soi-même, sans avoir à se cacher, sans avoir peur. Mais cela ne se fera pas sans vous. Engagez-vous. Rejoignez-nous. Poussez les portes. Prenez la parole.
Nous serons là pour vous soutenir, vous écouter, vous défendre. Car un syndicat qui ne défend pas toutes les fiertés, ne défend pas tous les droits. Et nous, à la CFDT, nous sommes unis dans nos fiertés, et solidaires dans nos droits.
Les dockers membres de la Fédération Européenne des Travailleurs des Transports (ETF) se sont réunis les 3 et 4 juin à Livourne, en Italie, pour deux journées de débats, d’élections et de solidarité syndicale. Après le Monténégro l’an dernier, cette nouvelle rencontre confirme l’importance croissante de l’unité syndicale à l’échelle européenne face aux mutations profondes du secteur portuaire.
Le CNTPA CFDT, actif et mobilisé, était présent à travers la participation de son Secrétaire Général, Franck Gonsse, pour faire entendre la voix des travailleurs portuaires français et porter les revendications de l’ensemble des salarié·es confronté·es à l’automatisation, à l’intelligence artificielle et aux transformations environnementales du secteur.
Automatisation et IA : des défis à relever collectivement
L’introduction accélérée des technologies autonomes et de l’intelligence artificielle dans les ports redéfinit le métier de docker, avec des conséquences majeures :
Suppression d’emplois
Transformation rapide des compétences
Affaiblissement de la représentativité syndicale
Précarisation des conditions de travail
Le CNTPA CFDT, aux côtés de ses homologues européens, a insisté sur une ligne claire :
« L’IA est négociable. La technologie ne doit pas affaiblir les travailleurs, mais être mise au service d’un progrès social partagé. »
Une transition juste, avec des garanties pour l’emploi, des droits renforcés et des formations adaptées, est possible si les syndicats agissent de manière solidaire et coordonnée à l’échelle européenne.
Renouvellement de la section ETF Dockers : une dynamique européenne renforcée
Cette réunion a également été l’occasion de renouveler une partie de la direction de la section dockers de l’ETF. Deux élues ont rejoint l’équipe :
Maren Ulbrich (ver.di, Allemagne), élue deuxième vice-présidente
Fatma Nur Bademli Akkaya (Liman-İş Sendikası, Turquie), représentante des femmes
Le CNTPA CFDT se félicite de ce renforcement de la représentativité syndicale féminine dans les ports, trop souvent invisibilisée.
Débats stratégiques : politique portuaire, climat et sécurité
Les membres ont aussi débattu des grands dossiers d’avenir :
Les politiques portuaires européennes et leur impact sur les conditions de travail
L’introduction du Système d’Échange de Quotas d’Émission (SEQE) et ses conséquences économiques et sociales pour les ports
La sécurité au travail, toujours un enjeu central
Sur tous ces sujets, le CNTPA-CFDT a rappelé la nécessité de garantir l’équité sociale dans toutes les transitions et de placer les travailleurs au cœur des décisions politiques européennes.
Solidarité avec les dockers ukrainiens
En clôture de ces deux jours, une pensée émue et solidaire a été adressée aux dockers d’Odessa, frappés par une attaque au missile contre le terminal HHLA. Deux travailleurs portuaires ont perdu la vie et plusieurs autres ont été blessés.
L’ETF, avec le soutien de toutes ses organisations membres dont le CNTPA- CFDT, condamne fermement cette violence et exige des gouvernements européens des actions concrètes pour faire cesser la guerre. La fédération a réaffirmé son engagement pour la paix et la sécurité de tous les travailleurs.
CNTPA CFDT : une voix forte dans l’Europe portuaire
Le message porté à Livourne est clair :
« Le futur du travail dans les ports européens se joue maintenant, et nous devons le construire ensemble. »
Le CNTPA CFDT, pleinement investi au sein de l’ETF, continuera d’œuvrer pour :
Une automatisation socialement maîtrisée
Des droits renforcés pour tous les dockers
Une formation continue adaptée aux mutations
Une solidarité concrète entre les travailleurs d’Europe
Plus que jamais, la voix des dockers doit être forte, unie et écoutée dans la construction du port de demain.
Le 31 mai, la Journée internationale des personnels navigants commerciaux (PNC) est l’occasion de célébrer ces travailleuses et travailleurs essentiels à la sécurité, au confort et au bon déroulement des vols. Pour le syndicat UNPNC CFDT, cette journée ne se limite pas à une reconnaissance symbolique : c’est aussi un moment pour mettre en lumière les enjeux professionnels, sociaux et économiques auxquels sont confrontés ces salariés.
Derrière le sourire, une réalité exigeante
Les PNC sont souvent perçus à travers une image lisse et glamour. Pourtant, la réalité de leur métier est tout autre : horaires décalés, fatigue chronique, stress opérationnel, risques pour la santé, sans oublier l’exposition croissante aux comportements agressifs de certains passagers. À cela s’ajoutent des conditions de travail parfois précaires, en particulier chez les compagnies low-cost, avec des contrats atypiques, une instabilité géographique et une pression constante sur les performances.
Une journée pour revendiquer des droits
La Journée internationale des PNC est un moment clé pour rappeler que les droits des navigants ne doivent pas être sacrifiés au nom de la rentabilité. Nous revendiquons au niveau européen (ETF) et international (ITF) : le respect des temps de repos réglementaires, la lutte contre les abus contractuels, une meilleure protection sociale et médicale, la reconnaissance des risques professionnels spécifiques, la revalorisation salariale.
Solidarité internationale
Le caractère international de cette journée permet également de renforcer les liens entre syndicats de différents pays et de promouvoir une harmonisation des droits au niveau mondial. Dans un secteur aussi mondialisé que l’aviation, la solidarité entre PNC, quel que soit leur pavillon, est un levier essentiel pour résister aux pratiques de dumping social.
Conclusion
Le 31 mai n’est pas qu’une journée de célébration, c’est aussi un moment de mobilisation. Pour les syndicats membres de ITF et ETF dont est membre l’UNPNC-CFDT, c’est l’occasion de rappeler que les PNC ne sont pas de simples “ambassadeurs du ciel”, mais des salarié·es qualifié·es, dévoué·es, qui méritent des conditions de travail dignes, stables et sécurisées. La reconnaissance passe aussi par des actes concrets, et cette journée est là pour le rappeler.
Je me présente, Kamal EL JAOUHARI, responsable en charge du secteur du transport routier de marchandises pour notre organisation syndicale, UF Route de la FGTE CFDT, première organisation en France et dans le secteur route.
Tout d’abord je tenais à remercier les représentants de RTDD (Road Transport Due Diligence) pour leur présentation et d’avoir mis en évidence les pratiques du groupe HEGELMANN, qui contribuent au dumping social et appauvrissent les salariés français, européens mais aussi les salariés extracommunautaires qui se voient exploités et même victimes d’esclavage moderne.
Concernant HEGELMANN, nous avons récemment était alerté sur une des filiales du groupe, qui a exploité des conducteurs originaires du Zimbabwe, ceux-ci ont voulu contester leurs conditions de travail et leu salaire qui était bien en dessous de ce qui était prévu (700 euros au lieu de 1500 euros).
Cette filiale a intimidé ses salariés en sabotant les véhicules, récupérant les remorques de force et laissant ceux-ci dans les véhicules sans chauffage et sans pouvoir bien évidemment se déplacer car même leur badge autoroute était désactivé et donc sans vivres.
Notre organisation syndicale, a tout de suite réagi pour leur porter assistance. Mais aussi, nous avons saisi les services de l’état, le ministère des Transports, l’inspection du travail, la DREAL et ELA (Européen Labour Authority)
Ces actions se sont révélées efficaces car les services de la DREAL ont verbalisé sur les trois véhicules en France, pour environ 24000 euros. Une audition des trois conducteurs a été faite par l’inspection du travail afin de d’étudier les conditions de travail du groupe HEGELMANN et ses filiales respectives.
Nous tenons à remercier ETF de nous avoir alerté sur le sujet et bien sûr à la fondation RTDD qui a mené les négociations auprès de l’entreprise.
Pour conclure, que doit-on faire collectivement ? l’ETF doit coordonner les organisations syndicales européennes sur ce sujet, particulièrement dans une période où la commission a une tendance à la dérégulation avec le paquet Omnibus sous couvert de simplication. Nous avons besoin de régulation mais surtout de contrôle pour garantir le respect de l’application du paquet mobilité afin que ces situations cessent de se reproduire.
Merci.
*La réunion du dialogue social sectoriel est une réunion tripartite en présence des représentants des employeurs du secteur, de la commission européenne et des syndicats européens du secteur
Interview de Camille Paganelli-Participante FGTE-CFDT à l’Escape Game sur l’extrême droite organisé lors de l’université d’hiver des jeunes de l’ETF
1. Peux-tu nous expliquer brièvement en quoi consistait l’Escape Game sur l’extrême droite et comment il s’intégrait dans le programme de l’université d’hiver de l’ETF à Sofia ?
Il faut tout d’abord comprendre que ETF a toujours eu à cœur de mettre en avant une solidarité syndicale afin de lutter contre l’extrême droite. Un manifeste a été construit et édité dans ce sens, puis traduit dans plusieurs langues pour toucher le plus grand nombre d’affiliés.
L’Escape Game est pour moi, une continuité dans la défense des droits de chacun qu’ETF pousse au quotidien. En intégrant ce jeu engagé à leur formation contre l’extrême droite, ETF a trouvé une manière ludique de faire participer tous leurs stagiaires à une forme de réflexion autour du sujet.
Ce jeu s’articulait sous plusieurs formes d’ateliers à résoudre en équipe :
De nombreuses images de personnes politiques, de grèves, d’expressions imagées, devaient être jumelées à des citations ou des textes.
Des objets présentés sur une table devaient être associées à des phrases.
Avec l’aide d’un texte lu, le groupe devait retracer le parcours d’un migrant du pays quitté au pays d’arrivée en s’articulant autour de la difficulté des émotions vécues par cette personne et les parcours étaient parfois bouleversant.
2. Quels aspects de l’extrême droite étaient abordés dans cet Escape Game, et en quoi cela va-t-il contribué à une meilleure compréhension du phénomène en Europe aujourd’hui ?
On peut y déceler 3 catégories majeures abordées lors de cet Escape Game :
HISTOIRE :
L’Histoire nous enseigne la dangerosité qu’un gouvernement d’extrême droite peut engendrer pour un pays, avec évidemment, les conséquences sociales et sociétales néfastes que cela apporte.
POLITIQUE :
Chaque gouvernement d’extrême droite en place était mis en lumière. Cela permettait d’identifier et d’échanger sur les figures actuelles présentes dans nos pays respectifs, et de mettre en exergue les similitudes de programme entre les différentes nations représentées.
SYNDICAT :
Des images des différents mouvements mis en place dans les pays où l’extrême droite est déjà au pouvoir étaient affichées. La lutte syndicale dans le combat contre l’extrême droite est fondamentale, primordiale, et nécessaire pour que l’opposition soit totale. Cela fait partie de notre ADN syndicale notamment à la CFDT.
3. Comment as-tu trouvé l’interaction entre la dimension ludique du jeu et la réflexion politique autour de l’extrême droite ? Penses-tu que cette méthode était efficace pour sensibiliser les participants ?
La dimension ludique permet d’impliquer tout le monde pleinement sur un sujet de nos jours banalisé dans nos sociétés.
Le jeu, en lui-même, crée des débats et apporte une dimension de compréhension et d’engagement. On ne voit pas le temps passer alors que le sujet est en lui-même extrêmement sérieux.
4. Quelles réactions ou discussions ont émergé parmi les participants après l’Escape Game ? As-tu ressenti une prise de conscience particulière concernant les dangers de l’extrême droite ?
Les échanges ont permis à postériori de partager les anecdotes locales de chacun sur les politiques actuelles de nos pays respectifs.
Je me souviens d’une conversation avec une affiliée italienne qui répondait à ma question naïve « As-tu vu ton pays changé depuis l’arrivée au pouvoir de Meloni ? » elle m’a répondu que l’atmosphère était irrespirable tant la perte de liberté au quotidien était palpable.
5. Comment, selon toi, les syndicats devraient-ils aborder la question de l’extrême droite dans leurs actions quotidiennes et dans leurs campagnes politiques ?
Je pense, à titre personnel, que la lutte contre l’extrême droite devrait être au centre des débats quotidiens. Pour cela, il faudrait sensibiliser de ses dangers l’ensemble des affiliés avec des formations qualitatives et une communication adéquate.
Pour la défense des travailleurs, pour les droits sociaux, pour un salaire équitable, pour la protection des avantages, pour une vraie diversité, pour une fin des politiques d’austérité, il faut connaitre les risques de ce genre de gouvernement et les combattre.
La RSE qui relève du « droit mou » est abordée en « droit dur » par ces deux directives, CS3D et CSRD. Sans compter la question de la transposition qui doit mobiliser les organisations syndicales nationales et le projet Omnibus de la Commission, les termes utilisés devront sans doute faire l’objet de précisions judiciaires.
« Ce sera un combat, et il sera ennuyeux », a dit un jour un ancien dirigeant de la Banque mondiale, concernant la lutte contre les dérèglements climatiques. Pour lui en effet, une transition économique ne pourra se réaliser sans véritable comptabilité sérieuse de ce qui est durable et de ce qui ne l’est pas. Et la tâche s’avère complexe…
D’autant plus que le projet OMNIBUS risque de minorer largement la portée de ces dispositifs et ce sous la pression de l’extrême-droite et de la droite.
La Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CS3D) et la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) sont deux dispositions législatives européennes. Elles visent à renforcer la responsabilité des entreprises en matière de durabilité.
CS3D introduit des obligations dites de « diligence raisonnable » pour les entreprises. Celles-ci les obligent à identifier, prévenir et atténuer les impacts négatifs sur les droits de l’homme et l’environnement dans leurs chaînes d’approvisionnement.
CSRD se concentre sur la transparence et la communication des informations relatives à la durabilité, exigeant des entreprises qu’elles publient des rapports détaillés sur leurs performances en matière de durabilité.
Les deux directives sont complémentaires. Elles se distinguent par leurs objectifs et leur portée.
La directive européenne « CS3D » en raison de son acronyme anglais, Corporate Sustainability Due Diligence Directive reprend les obligations suivantes :
Exercer une « diligence raisonnable » – un processus visant à identifier et prévenir ou atténuer les préjudices potentiels aux personnes et à la planète – arrêter et remédier aux préjudices survenus.
Dans ce contexte de diligence raisonnable, les entreprises doivent viser :
Les préjudices ou risques pour les personnes et l’environnement, pas pour elles-mêmes.
Les préjudices déjà survenus et ceux qui pourraient survenir à l’avenir.
Les préjudices causés dans leurs propres opérations et dans celles des entreprises qui leur sont liées partout dans leurs opérations (en amont et en aval).
Prévenir les dommages futurs sans se contenter de réparer les préjudices passés.
Traiter les risques distincts et croisés auxquels sont exposées les personnes en raison de leurs caractéristiques individuelles ou de leur appartenance à des groupes vulnérables ou marginalisés.
S’engager concrètement avec les communautés et les travailleurs touchés, y compris dans le cadre de la diligence raisonnable. Les entreprises doivent s’efforcer d’éliminer les obstacles à l’engagement des personnes.
Éviter de causer des préjudices ou d’y contribuer, et traiter et remédier à ces préjudices lorsqu’ils se produisent.
Aider à prévenir ou à atténuer les préjudices en matière de droits de l’homme directement liés à leurs activités, même si elles ne sont pas à l’origine de ces préjudices ou n’y contribuent pas.
La CSRD (pour Corporate Sustainability Reporting Directive) est une directive européenne entrée en vigueur début 2024. Elle va obliger les grandes entreprises à publier un rapport annuel sur leur durabilité. Les critères sont environnementaux, sociaux, et de gouvernance (ESG).
De l’usage des ressources matérielles à la pollution, en passant par les travailleurs et la biodiversité, les grandes entreprises vont devoir publier des données. Elles le feront au titre de la transparence sur les risques induits par leurs activités sur leur environnement.
Par extension, cela concernera aussi les risques auxquelles elles sont exposées, en ce compris dans leur chaîne de valeur, c’est-à-dire au niveau de leurs fournisseurs, et même une fois leurs produits ou services vendus à leurs clients.
La CSRD remplace la NFRD – Non Financial Reporting Directive, en place depuis 2017, et qui concernait 11.000 entreprises dans l’Union européenne. Le champ d’application de la CSRD est beaucoup plus large. Dorénavant, 55.000 entreprises européennes seront directement concernées.
Les directives CSRD et CS3D diffèrent principalement par leur champ d’application et leur approche de la matérialité.
La CSRD se concentre sur la chaîne de valeur de l’entreprise. De ce fait, les entreprises doivent rendre compte de leur impact environnemental, social et de gouvernance (ESG) tout au long de leur chaîne de valeur, incluant les parties prenantes, fournisseurs, sous-traitants et autres partenaires.
En revanche, la CS3D se concentre davantage sur la chaîne d’activités. Elle impose aux entreprises d’identifier et de prévenir les impacts négatifs sur les droits de l’homme et l’environnement qui découlent directement de leurs propres activités et de celles de leurs filiales, dans certains cas, de leurs relations commerciales établies.
De plus, la CS3D est axée sur la matérialité d’impact, c’est-à-dire l’impact réel ou potentiel des activités de l’entreprise sur les personnes et l’environnement.
À l’inverse, la CSRD inclut la matérialité financière, c’est-à-dire l’impact des questions ESG sur la performance financière de l’entreprise.
Pour mémoire, les critères ESG sont les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, utilisés par des investisseurs potentiels, organismes, ou sociétés afin de leur permettre l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie RSE efficace.
Ainsi, la CSRD adopte une perspective double matérialité qui inclut à la fois l’impact de l’entreprise sur le monde extérieur et l’impact du monde extérieur sur l’entreprise elle-même, tandis que la CS3D est centrée uniquement sur l’impact externe.
Synthétiquement,
La CS3D se concentre sur les actions concrètes que doivent conduire les entreprises afin d’ éviter les violations des droits humains et les dommages environnementaux.
La CSRD concerne la manière dont les entreprises communiquent sur leurs pratiques de durabilité.
Ensemble, ces directives visent à créer un cadre plus responsable et transparent pour les entreprises en Europe. Mais la Commission freine aujourd’hui des quatre fers sous la pression de l’extrême droite et de la droite et la portée de ces directives pourrait être considérablement réduite.
Dans les deux cas, afin de ne pas rater un point essentiel, l’appui d’un expert est recommandé, au moins pour la première démarche d’analyse.
Annexe
Les European Sustainability Reporting Standards (ESRS) sont des normes européennes de reporting de durabilité établie pour aider les entreprises à mieux comprendre et communiquer leur impact environnemental, social et de gouvernance (ESG).
Ces normes font partie intégrante de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), adoptée par l’Union Européenne pour renforcer la transparence des pratiques durables des entreprises et pour guider celles-ci vers une économie plus verte et inclusive.
L’objectif des ESRS est de fournir un cadre de structuration des informations de durabilité, comparable et applicable à toutes les entreprises opérant dans l’UE.
Ils doivent permettre aux entreprises de :
Comprendre et gérer leurs impacts ESG : cela inclut l’impact de leurs activités sur le climat, les ressources naturelles, la biodiversité, et les communautés.
Aligner leur modèle d’affaires avec les objectifs environnementaux et sociaux de l’UE : cela vise notamment la neutralité carbone et la réduction de la pollution.
Informer les parties prenantes et les investisseurs : les informations collectées permettent de prendre des décisions éclairées sur la durabilité des entreprises.
Du 16 au 18 décembre, plus de vingt-cinq jeunes syndicalistes venus de toute l’Europe y compris de la FGTE-CFDT se sont réunis à Sofia, en Bulgarie, pour participer à l’« ETF Youth Winter School », organisée par la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF). Cet événement, partie intégrante du projet européen « Delivering Fair Transport For All », a offert une plateforme unique pour la formation, le partage d’expériences et les échanges autour des enjeux actuels du mouvement syndical européen.
Lancement sous le signe du leadership et de l’engagement
L’école d’hiver a débuté par une séance d’ouverture marquée par les discours inspirants de Livia Spera, secrétaire générale de l’ETF, et de plusieurs personnalités bulgares, dont un représentant du ministère de la Jeunesse et Atanas Radev, président du Forum national de la jeunesse. Ces interventions ont donné le ton d’une rencontre dynamique et engagée, qui a abordé de front des sujets essentiels pour l’avenir du travail et de la justice sociale.
Des débats autour des enjeux actuels des travailleurs
Les droits des travailleurs des plateformes ont été au cœur des discussions, avec une analyse approfondie des défis posés par les plus de 500 plateformes opérant en Europe. Il a été souligné que 55 % des travailleurs des plateformes gagnent moins que le salaire minimum, un constat préoccupant dans un secteur où les jeunes représentent une part significative de la main-d’œuvre, avec une moyenne d’âge de 34 ans. La récente directive européenne sur les travailleurs des plateformes a été saluée comme une avancée, obtenue grâce à l’action des syndicats, avec en exemple la campagne réussie du syndicat danois 3F pour un accord d’entreprise.
La lutte contre l’extrême droite a été abordée lors d’une séance interactive innovante sous forme d’« Escape Game ». Les participants ont réfléchi à des stratégies concrètes pour contrer l’influence de l’extrême droite au sein des syndicats et au-delà. Des experts, comme Nicoletta Grieco (CGIL, Italie), Anika Taschke (RLS, Allemagne) et Tom Shannon (CES), ont exposé les défis posés par la normalisation du discours raciste et populiste, souvent en contradiction avec les droits des travailleurs, citant par exemple l’attaque de 2021 contre le siège de la CGIL à Rome qui a donné naissance à un réseau syndical antifasciste.
L’inclusion des LGBTQIA+ : un enjeu central pour les syndicats
Le dernier jour de l’université d’hiver a mis l’accent sur l’inclusion des personnes LGBTQIA+ au sein du monde du travail. Josef Maurer (ETF) et Florentine Iancu (UNI-SEEOC) ont proposé des outils pratiques pour moderniser les structures syndicales et intégrer des politiques inclusives. Marco Rafolt (EVG, Allemagne) et Sara Tripodi (FILT CGIL, Italie) ont discuté de l’importance des syndicats dans la promotion de la diversité, évoquant notamment l’accord d’entreprise signé en décembre 2024 avec Telepass en Italie, garantissant des congés parentaux égaux pour les couples traditionnels et LGBTQIA+.
Une formation dynamique pour une communication plus efficace
Les jeunes syndicalistes ont également participé à des ateliers pratiques, notamment sur la rédaction d’articles de presse, la production de podcasts et la réalisation de vidéos. Ces formations ont permis de doter les participants de compétences essentielles pour mieux communiquer et diffuser les valeurs et actions syndicales, renforçant ainsi leur influence auprès des travailleurs européens.
Un avenir syndical porté par la jeunesse
Le thème central de l’événement, « Les jeunes syndicalistes ne sont pas seulement l’avenir, mais aussi le présent », a été souligné par Céline Ruffié (FGTE-CFDT), présidente du Comité des jeunes de l’ETF et de la CES. Elle a insisté sur l’importance de créer des ponts entre les jeunes travailleurs du secteur du transport, afin de construire une solidarité collective au-delà des frontières, des secteurs et des défis. L’université d’hiver a permis aux jeunes de s’engager activement, de renforcer les liens entre différents mouvements et de se préparer à affronter les défis du futur.
Conclusion : Une jeunesse déterminée à transformer le monde du travail
L’université s’est clôturée par une séance de retour d’expérience où les participants ont partagé leurs réflexions et projets d’action pour mettre en pratique les enseignements reçus. Les jeunes syndicalistes se sont ralliés derrière le slogan : « La jeunesse en action, des syndicats plus forts pour tous ! ». Ces quelques jours à Sofia ont ainsi marqué le début d’une nouvelle dynamique syndicale, portée par une génération prête à s’engager pour un monde du travail plus juste, plus inclusif et plus solidaire.
La FGTE CFDT soutient la mobilisation des syndicats belges contre les attaques sur les droits à pension : comme un air de déjà vu très récent pour les travailleurs français !
La Fédération Générale des Transports et de l’Équipement (FGTE) CFDT exprime tout son soutien aux syndicats belges ACV-CSC et UBT-FGTB qui se mobilisaient dans les rues pour défendre leurs droits à pension face aux attaques portées par la coalition gouvernementale en Belgique, surnommée « Arizona »[1].
Une mobilisation sans précédent : 30 000 personnes rien qu’à Bruxelles !
Les syndicats belges, ACV-CSC et UBT-FGTB affiliés de ETF et de l’ITF, ont organisé une grande journée de mobilisation pour protester contre les réformes envisagées par le gouvernement. Celui-ci prévoit, entre autres, de nouvelles restrictions concernant l’âge de la retraite et les conditions d’accès aux pensions, dans un contexte économique de plus en plus tendu. Cette réforme, surnommée « Arizona », est perçue par de nombreux travailleurs comme une tentative de réduire les droits des citoyens au bénéfice d’une logique purement économique.
En Belgique, tout comme en France, la pension est un droit fondamental acquis par les générations passées. Les réformes proposées risquent de remettre en cause cet acquis social, en augmentant notamment le nombre d’années de travail nécessaires pour obtenir une pension pleine et en reculant l’âge de départ à la retraite.
La FGTE CFDT, solidaire des travailleurs belges
Le message de solidarité envoyé par la FGTE CFDT est clair : une réforme des pensions ne peut se faire au détriment des plus vulnérables, des travailleurs, des femmes et des jeunes qui ont besoin de certitudes pour planifier leur avenir. La solidarité entre syndicats européens est plus que jamais essentielle pour faire face aux politiques d’austérité et défendre les acquis sociaux.
Il est impératif que les travailleurs se mobilisent ensemble pour défendre ce qui fait la force de nos sociétés : des systèmes de retraite justes, équitables et solidaires. Que ce soit en Belgique ou en France, il est clair que l’avenir des pensions doit se décider en concertation avec les travailleurs.
Des revendications communes pour un avenir plus juste
Les manifestations de ce jour en Belgique ont réuni des milliers de travailleurs et de citoyens. ACV-CSC et UBT-FGTB revendiquent non seulement le maintien des pensions telles qu’elles existent aujourd’hui, mais également des améliorations substantielles pour les travailleurs les plus précaires, ceux ayant des carrières longues, ou les femmes, qui sont souvent les plus affectées par les inégalités dans l’accès aux droits à pension.
Prochain RDV pour les travailleurs Belges : le 13 février 2025 !
[1] Elle fait référence aux couleurs du drapeau de l’Arizona : jaune pour les nationalistes flamands de la N-VA, bleu pour les libéraux de l’open Vld et du MR, orange pour le CD&V et le cdh et rouge pour les socialistes du PS et du sp.a.
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