Le 16/07/2025 par La rédaction

Face à la menace d’une hausse des droits de douane américains jusqu’à 30 %, la Confédération européenne des syndicats (CES) appelle l’Union européenne à prendre des mesures rapides et ambitieuses pour sauvegarder les emplois et la production.

L’économie européenne subit déjà les effets négatifs des tarifs américains actuels : un droit de douane général de 10 % sur l’ensemble des produits, ainsi que des taxes de 25 % ciblant des secteurs clés tels que l’automobile, l’acier et l’aluminium. La perspective d’une augmentation à 30 % de ces tarifs, qui pourrait pousser des entreprises à délocaliser leur production hors d’Europe, doit être considérée comme une situation d’urgence par les institutions européennes.

Selon une étude de l’Institut syndical européen, un tarif de 20 % mettrait en danger au moins 700 000 emplois dans l’UE, sans même compter les secteurs déjà fortement impactés. La Banque centrale européenne évalue quant à elle les pertes économiques potentielles à 160 milliards d’euros. Une hausse à 30 % aggraverait dramatiquement cette situation.

Les revendications de la CES pour protéger l’emploi

Face à ce contexte, la CES appelle la Commission européenne à intervenir immédiatement avec des mesures concrètes et ambitieuses, notamment :

  • La mise en place de mécanismes d’urgence pour accompagner les entreprises et les salariés touchés, à l’image d’une initiative « SURE 2.0 » visant à protéger l’emploi et la production européenne.
  • La suspension des règles de gouvernance économique de l’UE, afin de permettre aux États membres d’adopter des politiques économiques destinées à défendre les secteurs industriels stratégiques.
  • La création d’un mécanisme d’investissement permanent, avec des conditions sociales strictes, pour combler le déficit d’investissement public nécessaire à la création d’emplois de qualité et à une économie innovante, autonome et durable.
  • Le renforcement du dialogue social au niveau européen et national, pour garantir que la voix des travailleurs soit pleinement prise en compte dans les décisions et politiques industrielles.
  • Le soutien à la demande intérieure via une revalorisation des salaires et la promotion de la négociation collective, accompagnés d’initiatives législatives pour assurer des transitions justes et anticiper les transformations économiques.
  • La mise en place éventuelle de mesures pour contrôler la spéculation et limiter la hausse des prix des biens essentiels, afin d’éviter une nouvelle crise du coût de la vie.
  • Un appel à la Banque centrale européenne pour qu’elle n’augmente pas ses taux d’intérêt en réponse aux hausses de prix causées par ces tarifs, mais qu’elle les diminue si nécessaire.

Défendre les standards européens face aux pressions américaines

La CES rappelle que l’UE doit continuer à investir dans la transition écologique et numérique tout en protégeant sa base industrielle et son tissu social. « L’Europe ne doit pas être poussée à renoncer à son modèle social, à ses normes, à ses valeurs et à ses droits », insiste Esther Lynch, secrétaire générale de la CES.

Elle appelle aussi à reprendre les négociations commerciales avec les États-Unis pour éviter ces mesures douanières préjudiciables, tout en rejetant fermement l’idée que les protections sociales et environnementales européennes constituent une distorsion de concurrence. Ces règles sont des garanties indispensables pour tous les acteurs sur le marché européen.

La CES se dit prête à collaborer avec les institutions européennes, les employeurs et les gouvernements nationaux pour bâtir une stratégie industrielle résiliente, inclusive et bénéfique à tous les Européens.