Le 12/11/2025 par La rédaction

Amsterdam, 30 septembre 2025 – Le Comité des femmes de la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF) a réuni aujourd’hui travailleuses et travailleurs du secteur, syndicalistes et décideurs politiques lors d’un séminaire consacré à la lutte contre les violences sexistes et le harcèlement au travail.

Cet événement, intitulé « Transporter le respect : lutter contre les violences sexistes au travail », a mis en lumière une réalité préoccupante : malgré des années de plaidoyer, les violences et le harcèlement envers les femmes restent massivement présents dans le secteur des transports.

  • Des résultats inquiétants

Les premiers résultats de la nouvelle enquête de l’ETF révèlent que près de trois femmes sur quatre (74 %) travaillant dans les transports déclarent avoir été victimes de violences ou de harcèlement sur leur lieu de travail.
Ces chiffres confirment que la violence envers les travailleuses n’est pas un phénomène isolé, mais bien un problème structurel qui mine l’égalité et la sécurité dans le secteur.

La secrétaire générale de l’ETF, Livia Spera, a lancé un appel fort :

« Les violences au travail contre les femmes – et contre tous les travailleurs – doivent cesser. Les témoignages que nous avons entendus aujourd’hui montrent à quel point ces violences poussent les femmes à quitter le secteur. Cela doit changer, d’autant plus que la pénurie de main-d’œuvre s’aggrave : agir contre la violence, c’est aussi agir dans l’intérêt des employeurs. »

  • Langage, pouvoir et résistance

Parmi les interventions marquantes de la journée, Silvia Gonzales, représentante de la FGTE-CFDT, a livré un discours puissant sur le rôle du langage dans la reproduction – ou la remise en cause – des inégalités.

« Les mots façonnent nos pensées et définissent notre réalité. Et notre réalité, aujourd’hui, est sexiste.
Nous devons la combattre, et le faire ensemble. Parce que le sexisme n’est pas anodin : il tue.
Il tue littéralement — comme les crash tests conçus uniquement pour des corps masculins.
Il tue symboliquement — en effaçant les femmes de l’histoire, de la science et de tant d’autres domaines.
Les mots ne sont pas neutres : ils reflètent le pouvoir. Et le pouvoir, lorsqu’il n’est pas remis en question, perpétue l’inégalité.
Le langage n’est pas seulement un outil de communication : c’est un instrument de résistance.
Alors, reconstruisons notre réalité. »

Ses propos ont résonné avec la conférence inspirante de la sociolinguiste Vera Gheno, qui a elle aussi souligné l’importance du langage pour déconstruire les stéréotypes et construire une culture du respect.

  •  Témoignages et actions pour un vrai changement

Le séminaire a également donné la parole à des travailleuses venues de toute l’Europe – du rail, du transport routier, maritime, aérien et urbain – qui ont partagé leurs expériences souvent douloureuses, mais aussi leurs luttes et leurs victoires syndicales.

Une table ronde a ensuite réuni syndicats, décideurs politiques et représentants des institutions européennes autour de solutions concrètes : campagnes de sensibilisation, négociations collectives, adoption de politiques européennes ambitieuses et renforcement des obligations des employeurs.

  • Pour un changement culturel durable

Le message porté par l’ETF est sans équivoque :

« Les conventions collectives peuvent protéger les travailleuses, mais c’est la culture du secteur qui doit évoluer. »

Mettre fin aux violences n’est pas seulement une question de droits des travailleurs : c’est aussi une condition essentielle pour construire un secteur des transports attractif, durable et équitable, où le respect et la sécurité de toutes et tous ne sont plus négociables.