NOUS, TRAVAILLEURS DE LA SECONDE LIGNE
Nous sommes les délégués syndicaux représentant les secteurs qui ont maintenu leur activité pendant le confinement depuis la première vague de Covid-19.
Nous sommes et représentons les travailleurs de la continuité économique et sociale qui ont été présents, fidèles au poste et assidus depuis le début de la pandémie. Sans notre travail, notre pays serait en panne en moins d’une semaine. Ce caractère essentiel fait la fierté de nos professionnels. Nos secteurs tirent leurs grandes richesses des interactions avec nos clients au service des fonctions les plus essentielles de notre économie.
Pendant plusieurs mois nos concitoyens ont été nombreux à nous applaudir ainsi que le personnel soignant chaque soir à 20h.
Notre utilité essentielle s’est révélée évidente aux yeux de tous. Tous ont estimé qu’il faudrait faire plus pour la reconnaissance et la valorisation de nos métiers.
Nos métiers étaient déjà en souffrance depuis de nombreuses années : les salaires de référence étaient en dessous du SMIC aux premiers niveaux et échelons des classifications ; peu était fait pour améliorer les conditions et l’organisation du travail, la sécurisation des parcours professionnels et le droit à la formation.
Si la pandémie a été un choc, elle a aussi questionné l’économie.
Dans l’ombre, nous avons continué à exercer nos métiers au service du plus grand nombre : pour nourrir, pour soutenir les plus faibles, pour sécuriser les personnes et les biens, pour nettoyer les espaces publics.
Certaines de nos entreprises ont même enregistré des résultats records. Certaines de nos entreprises ont même eu recours à l’activité partielle. Elles ont été soutenues par l’État. Mais encore aujourd’hui, ni dans les entreprises ni dans la branche, la reconnaissance des travailleurs essentiels n’est prise en compte.
Le Premier ministre a annoncé en mars 2021 la possibilité de verser une prime défiscalisée : même cette possibilité n’a pas été saisie, ou tellement symboliquement qu’elle en a été ridicule.
Aujourd’hui nous demandons que des travaux sérieux soient entrepris dans les branches et dans les entreprises. Nous demandons qu’une revalorisation des salaires, une réelle prise en charge de l’amélioration des conditions de travail ainsi qu’un réel plan de carrière soient structurés dans nos secteurs.Trop souvent nous nous heurtons à des organisations patronales qui viennent en négociation sansmandat ni volonté de négocier, sans proposition à la hauteur des enjeux ou avec des propositions salariales en dessous de l’inflation. Quel mépris pour les salariés de nos secteurs.
Aujourd’hui nous faisons appel à la responsabilité sociétale des entreprises pour redonner du sens à nos métiers et une rémunération décente.
Alors que nous sommes tous unanimement reconnus comme essentiels, il est indigne de faire de nous des travailleurs pauvres.
La CFDT ne s’habituera pas à la médiocrité des carrières proposées. Car dans ces professions essentielles, nous déplorons des salaires faibles malgré la pénibilité du travail, sans perspective d’évolution de carrière.
Pour les 18-24 ans, l’écart entre le salaire moyen et celui des travailleurs de la seconde ligne est de 5 % ; pour les 55 - 59 ans il est de 37 %.
Nous réclamons des mesures pérennes. Nous attendons un signal fort avec l’ouverture de négociations en branche qui aboutissent à des avancées. Nous réclamons aussi l’accompagnement des salariés en entreprise confrontés à des cadences soutenues. Des moyens adaptés doivent être déployés.
Aujourd’hui, nous faisons appel à la responsabilité des entreprises et des branches pour mettre en place la dynamique constructive que nos secteurs méritent.
Nous, travailleurs essentiels, avons été fidèles au poste et restons pleinement engagés.
Nous aimons nos métiers de services et nous souhaitons construire pour nos secteurs un avenir pérenne où la justice sociale n’est pas un espoir vain mais un atout qui réunit l’ensemble des partenaires.