Un Escape Game sur l’extrême droite à l’université d’hiver des jeunes de l’ETF

Interview de Camille Paganelli-Participante FGTE-CFDT à l’Escape Game sur l’extrême droite organisé lors de l’université d’hiver des jeunes de l’ETF

1.     Peux-tu nous expliquer brièvement en quoi consistait l’Escape Game sur l’extrême droite et comment il s’intégrait dans le programme de l’université d’hiver de l’ETF à Sofia ?

Il faut tout d’abord comprendre que ETF a toujours eu à cœur de mettre en avant une solidarité syndicale afin de lutter contre l’extrême droite. Un manifeste a été construit et édité dans ce sens, puis traduit dans plusieurs langues pour toucher le plus grand nombre d’affiliés.

L’Escape Game est pour moi, une continuité dans la défense des droits de chacun qu’ETF pousse au quotidien. En intégrant ce jeu engagé à leur formation contre l’extrême droite, ETF a trouvé une manière ludique de faire participer tous leurs stagiaires à une forme de réflexion autour du sujet.

Ce jeu s’articulait sous plusieurs formes d’ateliers à résoudre en équipe :

  • De nombreuses images de personnes politiques, de grèves, d’expressions imagées, devaient être jumelées à des citations ou des textes.
  • Des objets présentés sur une table devaient être associées à des phrases.
  • Avec l’aide d’un texte lu, le groupe devait retracer le parcours d’un migrant du pays quitté au pays d’arrivée en s’articulant autour de la difficulté des émotions vécues par cette personne et les parcours étaient parfois bouleversant.

2.     Quels aspects de l’extrême droite étaient abordés dans cet Escape Game, et en quoi cela va-t-il contribué à une meilleure compréhension du phénomène en Europe aujourd’hui ?

On peut y déceler 3 catégories majeures abordées lors de cet Escape Game :

  • HISTOIRE :

L’Histoire nous enseigne la dangerosité qu’un gouvernement d’extrême droite peut engendrer pour un pays, avec évidemment, les conséquences sociales et sociétales néfastes que cela apporte.

  • POLITIQUE :

Chaque gouvernement d’extrême droite en place était mis en lumière. Cela permettait d’identifier et d’échanger sur les figures actuelles présentes dans nos pays respectifs, et de mettre en exergue les similitudes de programme entre les différentes nations représentées.

  • SYNDICAT :

Des images des différents mouvements mis en place dans les pays où l’extrême droite est déjà au pouvoir étaient affichées. La lutte syndicale dans le combat contre l’extrême droite est fondamentale, primordiale, et nécessaire pour que l’opposition soit totale. Cela fait partie de notre ADN syndicale notamment à la CFDT.

3.     Comment as-tu trouvé l’interaction entre la dimension ludique du jeu et la réflexion politique autour de l’extrême droite ? Penses-tu que cette méthode était efficace pour sensibiliser les participants ?

La dimension ludique permet d’impliquer tout le monde pleinement sur un sujet de nos jours banalisé dans nos sociétés.

Le jeu, en lui-même, crée des débats et apporte une dimension de compréhension et d’engagement. On ne voit pas le temps passer alors que le sujet est en lui-même extrêmement sérieux.

4.     Quelles réactions ou discussions ont émergé parmi les participants après l’Escape Game ? As-tu ressenti une prise de conscience particulière concernant les dangers de l’extrême droite ?

Les échanges ont permis à postériori de partager les anecdotes locales de chacun sur les politiques actuelles de nos pays respectifs.

Je me souviens d’une conversation avec une affiliée italienne qui répondait à ma question naïve « As-tu vu ton pays changé depuis l’arrivée au pouvoir de Meloni ? » elle m’a répondu que l’atmosphère était irrespirable tant la perte de liberté au quotidien était palpable.

5.     Comment, selon toi, les syndicats devraient-ils aborder la question de l’extrême droite dans leurs actions quotidiennes et dans leurs campagnes politiques ?

Je pense, à titre personnel, que la lutte contre l’extrême droite devrait être au centre des débats quotidiens. Pour cela, il faudrait sensibiliser de ses dangers l’ensemble des affiliés avec des formations qualitatives et une communication adéquate.

Pour la défense des travailleurs, pour les droits sociaux, pour un salaire équitable, pour la protection des avantages, pour une vraie diversité, pour une fin des politiques d’austérité, il faut connaitre les risques de ce genre de gouvernement et les combattre.

Approche de deux directives européennes, CS3D et CSRD

La RSE qui relève du « droit mou » est abordée en « droit dur » par ces deux directives, CS3D et CSRD. Sans compter la question de la transposition qui doit mobiliser les organisations syndicales nationales et le projet Omnibus de la Commission, les termes utilisés devront sans doute faire l’objet de précisions judiciaires.

« Ce sera un combat, et il sera ennuyeux », a dit un jour un ancien dirigeant de la Banque mondiale, concernant la lutte contre les dérèglements climatiques. Pour lui en effet, une transition économique ne pourra se réaliser sans véritable comptabilité sérieuse de ce qui est durable et de ce qui ne l’est pas. Et la tâche s’avère complexe…

D’autant plus que le projet OMNIBUS risque de minorer largement la portée de ces dispositifs et ce sous la pression de l’extrême-droite et de la droite.

La Corporate Sustainability Due Diligence Directive (CS3D) et la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) sont deux dispositions législatives européennes. Elles visent à renforcer la responsabilité des entreprises en matière de durabilité.

  • CS3D introduit des obligations dites de « diligence raisonnable » pour les entreprises. Celles-ci les obligent à identifier, prévenir et atténuer les impacts négatifs sur les droits de l’homme et l’environnement dans leurs chaînes d’approvisionnement.
  • CSRD se concentre sur la transparence et la communication des informations relatives à la durabilité, exigeant des entreprises qu’elles publient des rapports détaillés sur leurs performances en matière de durabilité.

Les deux directives sont complémentaires. Elles se distinguent par leurs objectifs et leur portée.

La directive européenne « CS3D » en raison de son acronyme anglais, Corporate Sustainability Due Diligence Directive reprend les obligations suivantes :

  • Exercer une « diligence raisonnable » – un processus visant à identifier et prévenir ou atténuer les préjudices potentiels aux personnes et à la planète – arrêter et remédier aux préjudices survenus.
  • Dans ce contexte de diligence raisonnable, les entreprises doivent viser : 
    • Les préjudices ou risques pour les personnes et l’environnement, pas pour elles-mêmes.
    •  Les préjudices déjà survenus et ceux qui pourraient survenir à l’avenir.
    • Les préjudices causés dans leurs propres opérations et dans celles des entreprises qui leur sont liées partout dans leurs opérations (en amont et en aval).
    • Prévenir les dommages futurs sans se contenter de réparer les préjudices passés.
    • Traiter les risques distincts et croisés auxquels sont exposées les personnes en raison de leurs caractéristiques individuelles ou de leur appartenance à des groupes vulnérables ou marginalisés.
  • S’engager concrètement avec les communautés et les travailleurs touchés, y compris dans le cadre de la diligence raisonnable. Les entreprises doivent s’efforcer d’éliminer les obstacles à l’engagement des personnes.
  • Éviter de causer des préjudices ou d’y contribuer, et traiter et remédier à ces préjudices lorsqu’ils se produisent.
  • Aider à prévenir ou à atténuer les préjudices en matière de droits de l’homme directement liés à leurs activités, même si elles ne sont pas à l’origine de ces préjudices ou n’y contribuent pas.

La CSRD (pour Corporate Sustainability Reporting Directive) est une directive européenne entrée en vigueur début 2024. Elle va obliger les grandes entreprises à publier un rapport annuel sur leur durabilité. Les critères sont environnementaux, sociaux, et de gouvernance (ESG).

  • De l’usage des ressources matérielles à la pollution, en passant par les travailleurs et la biodiversité, les grandes entreprises vont devoir publier des données. Elles le feront au titre de la transparence sur les risques induits par leurs activités sur leur environnement.
  • Par extension, cela concernera aussi les risques auxquelles elles sont exposées, en ce compris dans leur chaîne de valeur, c’est-à-dire au niveau de leurs fournisseurs, et même une fois leurs produits ou services vendus à leurs clients.
  • La CSRD remplace la NFRD – Non Financial Reporting Directive, en place depuis 2017, et qui concernait 11.000 entreprises dans l’Union européenne. Le champ d’application de la CSRD est beaucoup plus large. Dorénavant, 55.000 entreprises européennes seront directement concernées.

Les directives CSRD et CS3D diffèrent principalement par leur champ d’application et leur approche de la matérialité.

  • La CSRD se concentre sur la chaîne de valeur de l’entreprise. De ce fait, les entreprises doivent rendre compte de leur impact environnemental, social et de gouvernance (ESG) tout au long de leur chaîne de valeur, incluant les parties prenantes, fournisseurs, sous-traitants et autres partenaires.
  • En revanche, la CS3D se concentre davantage sur la chaîne d’activités. Elle impose aux entreprises d’identifier et de prévenir les impacts négatifs sur les droits de l’homme et l’environnement qui découlent directement de leurs propres activités et de celles de leurs filiales, dans certains cas, de leurs relations commerciales établies.
  • De plus, la CS3D est axée sur la matérialité d’impact, c’est-à-dire l’impact réel ou potentiel des activités de l’entreprise sur les personnes et l’environnement.
  • À l’inverse, la CSRD inclut la matérialité financière, c’est-à-dire l’impact des questions ESG sur la performance financière de l’entreprise.
  • Pour mémoire, les critères ESG sont les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, utilisés par des investisseurs potentiels, organismes, ou sociétés afin de leur permettre l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie RSE efficace.

Ainsi, la CSRD adopte une perspective double matérialité qui inclut à la fois l’impact de l’entreprise sur le monde extérieur et l’impact du monde extérieur sur l’entreprise elle-même, tandis que la CS3D est centrée uniquement sur l’impact externe.

Synthétiquement,

  • La CS3D se concentre sur les actions concrètes que doivent conduire les entreprises afin d’ éviter les violations des droits humains et les dommages environnementaux. 
  • La CSRD concerne la manière dont les entreprises communiquent sur leurs pratiques de durabilité.

Ensemble, ces directives visent à créer un cadre plus responsable et transparent pour les entreprises en Europe. Mais la Commission freine aujourd’hui des quatre fers sous la pression de l’extrême droite et de la droite et la portée de ces directives pourrait être considérablement réduite.

Dans les deux cas, afin de ne pas rater un point essentiel, l’appui d’un expert est recommandé, au moins pour la première démarche d’analyse.

Annexe

Les European Sustainability Reporting Standards (ESRS) sont des normes européennes de reporting de durabilité établie pour aider les entreprises à mieux comprendre et communiquer leur impact environnemental, social et de gouvernance (ESG).

Ces normes font partie intégrante de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD), adoptée par l’Union Européenne pour renforcer la transparence des pratiques durables des entreprises et pour guider celles-ci vers une économie plus verte et inclusive.

L’objectif des ESRS est de fournir un cadre de structuration des informations de durabilité, comparable et applicable à toutes les entreprises opérant dans l’UE.

Ils doivent permettre aux entreprises de :

  • Comprendre et gérer leurs impacts ESG : cela inclut l’impact de leurs activités sur le climat, les ressources naturelles, la biodiversité, et les communautés.
  • Aligner leur modèle d’affaires avec les objectifs environnementaux et sociaux de l’UE : cela vise notamment la neutralité carbone et la réduction de la pollution.
  • Informer les parties prenantes et les investisseurs : les informations collectées permettent de prendre des décisions éclairées sur la durabilité des entreprises.

Déréglementation européenne des Entreprises : Une Menace pour les Droits des Travailleurs et la Planète

La déréglementation des entreprises, couplée à des attaques contre les droits européens protégeant les travailleurs et les syndicats, ne constitue en aucun cas la solution aux violations des droits humains et environnementaux. Au contraire, ces propositions risquent de compromettre des avancées législatives cruciales mises en place pour garantir une durabilité véritable, une concurrence loyale et une protection des droits sociaux.

L’Union Européenne Face à une Poussée de Déréglementation

Récemment, plusieurs organisations patronales ont exprimé leur volonté de déréguler les directives européennes en matière de durabilité des entreprises. Parmi les textes fondamentaux adoptés par l’UE, la directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité des entreprises (CS3D) est devenue la cible principale des attaques. Après les critiques lancées contre la directive sur le reporting en matière de durabilité (CSRD) et le règlement sur la déforestation, les entreprises s’attaquent désormais à la CS3D. Leur objectif : édulcorer, voire démanteler, un acquis social essentiel pour les travailleurs, la société et la planète.

Ces appels à la déréglementation visent à créer un vide juridique permettant aux entreprises, et particulièrement aux PME, d’échapper à leurs obligations de reporting et de diligence raisonnable. Pour la Confédération Européenne des Syndicats (CES), cette approche est non seulement inacceptable, mais elle porte un mépris évident envers les citoyens européens, les travailleurs et l’environnement.

Une Législation Issue de la Démocratie : Ne Cédons Pas à la Pression

La CES appelle à ce que la CS3D soit transposée sans délai par les États membres. Adoptée après un long processus législatif démocratique, cette directive est le fruit d’un travail intensif ayant duré plus de deux ans. Elle a été adoptée en avril 2024, après un consensus largement soutenu. Il est impératif que les entreprises, soutenues par certains États membres, cessent de déstabiliser cette législation, qui vise à assurer des conditions de concurrence équitables et durables pour les entreprises, la société et les travailleurs. De plus, la CS3D représente une avancée majeure en matière de sécurité juridique et de prévisibilité pour tous les acteurs économiques, en particulier pour les entreprises qui veulent investir dans la durabilité à long terme.

La CS3D : Une Directive qui fixe un minimum, Pas une régression

Contrairement aux affirmations des associations d’entreprises, la CS3D n’est pas particulièrement ambitieuse en termes de portée. En effet, bien qu’elle introduise des obligations minimales en matière de respect des droits humains, elle ne va pas aussi loin que le Principe directeur des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, qui appelle à une responsabilité de respect des droits humains pour toutes les entreprises, indépendamment de leur taille, secteur ou pays d’opération. Le texte de la CS3D est un compromis, un minimum qui permet de garantir une base commune tout en laissant la possibilité aux États membres de renforcer les protections nationales.

La CS3D établit des obligations pour toutes les entreprises opérant sur le marché européen, y compris les grandes entreprises et les PME, afin d’éviter des pratiques commerciales nuisibles et une concurrence déloyale, que ce soit en Europe ou à l’extérieur du continent. Ces règles, en favorisant la durabilité des entreprises, cherchent également à garantir une transition juste vers la durabilité pour les travailleurs et la planète, dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

La Déréglementation : Une Fausse Solution

Les revendications visant à réduire les coûts administratifs et à alléger les obligations de reporting des entreprises sont, en réalité, des pressions visant à privilégier les intérêts privés au détriment de l’intérêt général. Ces demandes ignorent les impacts sociaux et environnementaux d’une telle déréglementation, qui seraient supportés par la société, les travailleurs et leurs familles. À court terme, cela pourrait entraîner des économies pour certaines entreprises, mais à long terme, les coûts sociaux et environnementaux seraient immenses.

En réalité, la CS3D représente un investissement stratégique dans les droits des travailleurs, la protection de l’environnement et la responsabilité sociale des entreprises. La directive vise à garantir un respect global des droits humains dans les chaînes de valeur mondiale, avec un impact positif sur la durabilité des entreprises. Les entreprises qui adoptent cette législation de manière proactive voient une opportunité de se positionner comme des leaders durables sur le marché mondial.

Une Législation Cruciale pour les Travailleurs

La CES souligne que les syndicats et les représentants des travailleurs doivent être impliqués de manière significative dans la mise en œuvre de la CS3D. En effet, l’engagement des travailleurs et des syndicats au sein des entreprises renforce leur résilience et favorise un environnement de travail plus stable et plus équitable. La directive encourage cette participation, ce qui est bénéfique tant pour les employés que pour les employeurs. La consultation et la coopération sont des moteurs essentiels pour garantir des pratiques commerciales équitables et prévenir les risques d’abus dans les chaînes d’approvisionnement.

La CS3D met également en lumière que les entreprises durables ont déjà commencé à adopter des pratiques volontaires de diligence raisonnable. Ces entreprises comprennent qu’un respect total des droits humains et des normes environnementales ne constitue pas seulement une obligation morale, mais aussi un avantage concurrentiel. Elles aspirent à un cadre juridique qui leur offre de la sécurité juridique et de la prévisibilité dans leurs activités commerciales.

Un Appel à Maintenir la CS3D

La CES et ses affiliés appellent donc fermement les États membres et la Commission européenne à maintenir et à mettre en œuvre la CS3D de manière ambitieuse. Il est crucial de garantir une transposition effective de cette législation dans tous les pays de l’UE, et ce, sans recul par rapport aux normes existantes. Le véritable défi réside dans la mise en œuvre effective de cette directive, avec l’implication active des syndicats et des acteurs sociaux.

En conclusion, les propositions visant à simplifier la réglementation en matière de durabilité des entreprises sous prétexte de réduire la charge administrative sont un danger pour les droits des travailleurs, l’environnement et la compétitivité à long terme. Au contraire, il est essentiel que la législation européenne en matière de diligence raisonnable bénéficie à tous les acteurs : travailleurs, entreprises et environnement. Les entreprises responsables doivent être soutenues, et non pas confrontées à des demandes de déréglementation qui risquent de mettre en péril les fondements mêmes de la durabilité.

L’UE doit maintenir un cadre législatif fort et ambitieux, pour que les droits des travailleurs, des syndicats et de la planète soient protégés dans un monde où la durabilité est plus essentielle que jamais.

Retour sur l’Université d’hiver des jeunes de l’ETF : Une Nouvelle Génération Syndicale Prête à Agir

Du 16 au 18 décembre, plus de vingt-cinq jeunes syndicalistes venus de toute l’Europe y compris de la FGTE-CFDT se sont réunis à Sofia, en Bulgarie, pour participer à l’« ETF Youth Winter School », organisée par la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF). Cet événement, partie intégrante du projet européen « Delivering Fair Transport For All », a offert une plateforme unique pour la formation, le partage d’expériences et les échanges autour des enjeux actuels du mouvement syndical européen.

Lancement sous le signe du leadership et de l’engagement

L’école d’hiver a débuté par une séance d’ouverture marquée par les discours inspirants de Livia Spera, secrétaire générale de l’ETF, et de plusieurs personnalités bulgares, dont un représentant du ministère de la Jeunesse et Atanas Radev, président du Forum national de la jeunesse. Ces interventions ont donné le ton d’une rencontre dynamique et engagée, qui a abordé de front des sujets essentiels pour l’avenir du travail et de la justice sociale.

Des débats autour des enjeux actuels des travailleurs

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Les droits des travailleurs des plateformes ont été au cœur des discussions, avec une analyse approfondie des défis posés par les plus de 500 plateformes opérant en Europe. Il a été souligné que 55 % des travailleurs des plateformes gagnent moins que le salaire minimum, un constat préoccupant dans un secteur où les jeunes représentent une part significative de la main-d’œuvre, avec une moyenne d’âge de 34 ans. La récente directive européenne sur les travailleurs des plateformes a été saluée comme une avancée, obtenue grâce à l’action des syndicats, avec en exemple la campagne réussie du syndicat danois 3F pour un accord d’entreprise.

La lutte contre l’extrême droite a été abordée lors d’une séance interactive innovante sous forme d’« Escape Game ». Les participants ont réfléchi à des stratégies concrètes pour contrer l’influence de l’extrême droite au sein des syndicats et au-delà. Des experts, comme Nicoletta Grieco (CGIL, Italie), Anika Taschke (RLS, Allemagne) et Tom Shannon (CES), ont exposé les défis posés par la normalisation du discours raciste et populiste, souvent en contradiction avec les droits des travailleurs, citant par exemple l’attaque de 2021 contre le siège de la CGIL à Rome qui a donné naissance à un réseau syndical antifasciste.

L’inclusion des LGBTQIA+ : un enjeu central pour les syndicats

Le dernier jour de l’université d’hiver a mis l’accent sur l’inclusion des personnes LGBTQIA+ au sein du monde du travail. Josef Maurer (ETF) et Florentine Iancu (UNI-SEEOC) ont proposé des outils pratiques pour moderniser les structures syndicales et intégrer des politiques inclusives. Marco Rafolt (EVG, Allemagne) et Sara Tripodi (FILT CGIL, Italie) ont discuté de l’importance des syndicats dans la promotion de la diversité, évoquant notamment l’accord d’entreprise signé en décembre 2024 avec Telepass en Italie, garantissant des congés parentaux égaux pour les couples traditionnels et LGBTQIA+.

Une formation dynamique pour une communication plus efficace

Les jeunes syndicalistes ont également participé à des ateliers pratiques, notamment sur la rédaction d’articles de presse, la production de podcasts et la réalisation de vidéos. Ces formations ont permis de doter les participants de compétences essentielles pour mieux communiquer et diffuser les valeurs et actions syndicales, renforçant ainsi leur influence auprès des travailleurs européens.

Un avenir syndical porté par la jeunesse

Le thème central de l’événement, « Les jeunes syndicalistes ne sont pas seulement l’avenir, mais aussi le présent », a été souligné par Céline Ruffié (FGTE-CFDT), présidente du Comité des jeunes de l’ETF et de la CES. Elle a insisté sur l’importance de créer des ponts entre les jeunes travailleurs du secteur du transport, afin de construire une solidarité collective au-delà des frontières, des secteurs et des défis. L’université d’hiver a permis aux jeunes de s’engager activement, de renforcer les liens entre différents mouvements et de se préparer à affronter les défis du futur.

Conclusion : Une jeunesse déterminée à transformer le monde du travail

L’université s’est clôturée par une séance de retour d’expérience où les participants ont partagé leurs réflexions et projets d’action pour mettre en pratique les enseignements reçus. Les jeunes syndicalistes se sont ralliés derrière le slogan : « La jeunesse en action, des syndicats plus forts pour tous ! ». Ces quelques jours à Sofia ont ainsi marqué le début d’une nouvelle dynamique syndicale, portée par une génération prête à s’engager pour un monde du travail plus juste, plus inclusif et plus solidaire.

Retour sur la participation de la FGTE au 46° congrès de l’ITF à Marrakech (fédération internationale des travailleurs des transports)

La participation de la FGTE CFDT au Congrès de l’ITF à Marrakech : un engagement pour les droits des travailleurs du secteur du transport

Le Congrès de l’ITF qui s’est tenu à Marrakech, a été un événement marquant pour les syndicats du monde entier, et la Fédération Générale des Transports et de l’Équipement (FGTE) CFDT a joué un rôle dans cet événement. Ce congrès, réunissant des syndicats de travailleurs des secteurs du transport, de la logistique a été une réelle plateforme d’échanges sur les défis communs et les enjeux mondiaux auxquels sont confrontés les travailleurs.

L’ITF : la solidarité mondiale au cœur

Stephen Cotton, Secrétaire général de l’ITF réélu

L’ITF, organisation syndicale internationale qui regroupe plus de 700 syndicats de 150 pays, a pour objectif de défendre les droits des travailleurs dans les secteurs du transport, de la logistique. Chaque congrès de l’ITF (tous les 5 ans) représente un moment clé pour la mise en place de stratégies mondiales visant à améliorer les conditions de travail et à promouvoir la justice sociale au niveau international.

Un congrès centré sur les enjeux futurs du secteur des transports

Le congrès de Marrakech s’est concentré sur plusieurs thèmes cruciaux, notamment la transition énergétique, la numérisation du secteur du transport, les conditions de travail des chauffeurs de poids lourds, la sécurité des travailleurs dans les ports, et la protection des droits des travailleurs migrants, la place du syndicalisme face au mouvement mondiaux d’extrême droite. Dans ce contexte, la FGTE CFDT a activement participé aux débats et aux motions proposées qu’elles soient sectorielles ou non, en mettant en avant l’importance d’une transition juste pour les travailleurs, d’une meilleure régulation des plateformes numériques dans le transport et de l’amélioration des conditions de travail dans les différents secteurs.

L’engagement de la FGTE CFDT : solidarité et action

La FGTE CFDT, en tant que membre actif de l’ITF, a porté une voix forte en faveur des travailleurs français et européens, mais aussi des travailleurs des pays du Sud et des régions en développement. Lors de ce congrès, plusieurs représentants de la FGTE CFDT ont souligné l’importance de la solidarité internationale pour lutter contre les pratiques abusives des multinationales et promouvoir des normes de travail décentes, quel que soit le pays d’origine des travailleurs.

Délégation FGTE-CFDT (presque au complet)

La délégation de la FGTE CFDT a mis en lumière les spécificités du secteur des transports en France, notamment les défis liés à la sécurité routière, ainsi qu’à la lutte contre la précarisation de certains emplois dans le transport de marchandises et de passagers.

Un engagement en faveur de la transition énergétique

Dans un monde où le transport représente une part importante des émissions de gaz à effet de serre, la FGTE CFDT a pris position en faveur d’une transition énergétique qui respecte les droits des travailleurs.

L’objectif est clair : il ne s’agit pas seulement de décarboner le secteur du transport, mais aussi d’assurer que les travailleurs ne soient pas laissés pour compte dans ce processus.

L’importance du dialogue social

Une autre question essentielle abordée lors du congrès a été celle du dialogue social et de la négociation collective. Dans de nombreux pays, les droits syndicaux et les conditions de travail des travailleurs du transport sont fragilisés, notamment avec l’émergence de nouvelles formes d’emploi et l’essor des plateformes numériques. La FGTE CFDT a donc mis en avant l’importance de renforcer les instances de négociation, tant au niveau national qu’international, afin de garantir que les travailleurs puissent se faire entendre et défendre leurs droits dans l’ensemble des secteurs représentés par l’ITF.

Un congrès réussi pour la FGTE-CFDT : Premier syndicat en France et reconnu à l’international

Ce congrès a également été une réussite pour la délégation FGTE qui se voit confier plusieurs mandats au sein d’ITF notamment avec la confiance des autres syndicats français. En effet, la FGTE-CFDT a pu être élue pour occuper des mandats dans différents comités de l’ITF (comité exécutif, comité des jeunes, comité des femmes, aviation civile, FPC gens de mer).

Comité des femmes de l’ITF

Ensemble, nous faisons avancer le monde (slogan fort de ce congrès 2024)

La participation de la FGTE CFDT au Congrès de l’ITF à Marrakech a été un moment fort pour rappeler que les enjeux du secteur du transport ne connaissent pas de frontières. L’ITF constitue un cadre essentiel pour les syndicats comme la FGTE CFDT, leur permettant de porter haut la voix des travailleurs et de peser sur les grandes orientations politiques et économiques internationales.

L’unité et la coopération entre les syndicats du transport, qu’ils soient européens, arabes, africains ou asiatiques, resteront la clé pour relever les défis à venir et garantir un avenir où le travail, dans tous ses secteurs, soit synonyme de respect, de dignité et de solidarité.

Clôture du congrès : extrait du discours Paddy Crumlin, Président de l’ITF

« Les gouvernements manquent à leurs engagements à notre égard en tous points du globe et cèdent la place à des mouvements comme le néofascisme, qui comble les lacunes laissées par l’absence de courage moral et de détermination. Nous sommes ici pour y remédier. Nous sommes ici pour redonner vie à notre rêve et à notre vision d’un monde meilleur, aujourd’hui, demain et l’année prochaine. Un monde plus propre, un monde plus équitable, un monde plus juste – un monde qui traite chacun et chacune sur un pied d’égalité. » 

Solidarité transnationale ETF

La FGTE CFDT soutient la mobilisation des syndicats belges contre les attaques sur les droits à pension : comme un air de déjà vu très récent pour les travailleurs français !

La Fédération Générale des Transports et de l’Équipement (FGTE) CFDT exprime tout son soutien aux syndicats belges ACV-CSC et UBT-FGTB qui se mobilisaient dans les rues pour défendre leurs droits à pension face aux attaques portées par la coalition gouvernementale en Belgique, surnommée « Arizona »[1].

Une mobilisation sans précédent : 30 000 personnes rien qu’à Bruxelles !

Les syndicats belges, ACV-CSC et UBT-FGTB affiliés de ETF et de l’ITF, ont organisé une grande journée de mobilisation pour protester contre les réformes envisagées par le gouvernement. Celui-ci prévoit, entre autres, de nouvelles restrictions concernant l’âge de la retraite et les conditions d’accès aux pensions, dans un contexte économique de plus en plus tendu. Cette réforme, surnommée « Arizona », est perçue par de nombreux travailleurs comme une tentative de réduire les droits des citoyens au bénéfice d’une logique purement économique.

En Belgique, tout comme en France, la pension est un droit fondamental acquis par les générations passées. Les réformes proposées risquent de remettre en cause cet acquis social, en augmentant notamment le nombre d’années de travail nécessaires pour obtenir une pension pleine et en reculant l’âge de départ à la retraite.

La FGTE CFDT, solidaire des travailleurs belges

Le message de solidarité envoyé par la FGTE CFDT est clair : une réforme des pensions ne peut se faire au détriment des plus vulnérables, des travailleurs, des femmes et des jeunes qui ont besoin de certitudes pour planifier leur avenir. La solidarité entre syndicats européens est plus que jamais essentielle pour faire face aux politiques d’austérité et défendre les acquis sociaux.

Il est impératif que les travailleurs se mobilisent ensemble pour défendre ce qui fait la force de nos sociétés : des systèmes de retraite justes, équitables et solidaires. Que ce soit en Belgique ou en France, il est clair que l’avenir des pensions doit se décider en concertation avec les travailleurs.

Des revendications communes pour un avenir plus juste

Les manifestations de ce jour en Belgique ont réuni des milliers de travailleurs et de citoyens. ACV-CSC et UBT-FGTB revendiquent non seulement le maintien des pensions telles qu’elles existent aujourd’hui, mais également des améliorations substantielles pour les travailleurs les plus précaires, ceux ayant des carrières longues, ou les femmes, qui sont souvent les plus affectées par les inégalités dans l’accès aux droits à pension.

Prochain RDV pour les travailleurs Belges : le 13 février 2025 !


[1] Elle fait référence aux couleurs du drapeau de l’Arizona : jaune pour les nationalistes flamands de la N-VA, bleu pour les libéraux de l’open Vld et du MR, orange pour le CD&V et le cdh et rouge pour les socialistes du PS et du sp.a.

Interpellation de la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen, lors du Comité Exécutif de la CES (Confédération Européenne des Syndicats) par le Comité des jeunes

Dans le cadre du comité exécutif de la Confédération Européenne des Syndicats (CES) qui se tenait en décembre dernier, et qui a rassemblé des acteurs syndicaux de toute l’Europe, il a été donné la possibilité aux différents participants d’interpeller et de poser des questions à la Présidente de la Commission Européenne, Ursula Von der Leyen, dans un moment crucial de mise en place de la commission nouvellement composée.

Le comité exécutif a été l’occasion de soumettre à la présidente de la Commission des propositions concrètes visant à renforcer les droits des travailleurs et à garantir une Europe plus juste et équitable.

Le rôle de la CES est primordial pour veiller à ce que les droits des travailleurs soient pris en compte dans les décisions politiques, en particulier dans un contexte de crise économique, de changements environnementaux et de transformations numériques.

Cette réunion a revêtu une importance particulière, car elle a permis d’engager un dialogue direct avec Ursula von der Leyen, dont l’agenda politique inclut des réformes sociales majeures à l’échelle européenne.

Dans ce cadre, C. Ruffié, représentante FGTE-CFDT, Présidente du comité des jeunes de la CES, a pris la parole :

« Madame la Présidente,

Permettez-moi de vous remercier pour l’opportunité de m’adresser à vous.  Nous sommes à un tournant crucial, et l’un des défis les plus pressants demeure l’insertion des jeunes dans le marché européen sur des emplois stable et de qualité.

La précarité, le chômage de longue durée, et le décalage entre les compétences acquises et celles demandées par les employeurs restent des réalités préoccupantes.

En tant que jeunes citoyens européens, nous croyons fermement que l’Europe doit être à la hauteur et offrir des opportunités concrètes.

Vous aviez fait de 2022, l’année européenne des jeunes à la suite de la pandémie, cela a eu un impact mais la situation des jeunes est toujours critique.

20 % en France des jeunes sans emploi, 27% en Espagne., 24% en Suède.

Alors aujourd’hui nous souhaitons vous rappeler que ce dont les jeunes ont besoin ce n’est pas d’une déréglementation constante, nous avons besoin de mesures cibles réelles assurant des emplois de qualité et mettant une bonne fois pour toute un frein aux emplois sous ou non rémunérés.

Les institutions européennes ont sollicité massivement les jeunes pour qu’ils viennent voter lors des élections européennes et un grand nombre d’entre eux ont répondu à cet appel.

J’espère que vous répondrez également au notre.

Dans les turbulences géopolitiques que connait le monde aujourd’hui.

L’Europe doit être fidèle à ses valeurs… ces valeurs que l’Europe a su défendre sur son continent en Ukraine, elle doit aussi les défendre et sans deux poids deux mesures à Gaza, en République Démocratique du Congo et ailleurs dans le monde…

Donner des perspectives d’un monde meilleur, c’est cela redonner de l’espoir à la jeunesse.

Je vous remercie »

Cette intervention s’inscrit dans le cadre du travail effectué par le comité des jeunes de la CES notamment concernant la Directive sur les stages non rémunérés.

En effet, de plus en plus de jeunes travailleurs se retrouvent dans des situations de précarité en raison de stages qui ne sont pas rémunérés ou qui offrent une compensation insuffisante pour couvrir les coûts de la vie, alors même que ces stages sont de plus en plus souvent perçus comme des passerelles indispensables vers le marché du travail.

La directive européenne sur les stages non rémunérés, vise à encadrer les conditions des stages dans l’Union européenne, notamment en ce qui concerne la rémunération des stagiaires et la reconnaissance de leurs droits en tant que travailleurs.

L’objectif principal de la directive est de lutter contre l’exploitation des stagiaires, en particulier les jeunes, en veillant à ce que ceux-ci soient mieux protégés contre les abus liés aux stages non rémunérés. Le texte vise aussi à garantir que les stages ne soient pas utilisés pour contourner la législation sur l’emploi salarié, notamment en période de crise économique.

La Confédération Européenne des Syndicats (CES) soutient fermement l’idée d’une rémunération obligatoire des stages, considérant que le travail effectué pendant un stage doit être payé comme tout autre travail. La CES estime que la rémunération des stagiaires est une question de justice sociale et d’égalité des chances. Un stage non rémunéré, selon la CES, constitue une forme de précarisation pour les jeunes et une discrimination, car seuls ceux qui peuvent se permettre de travailler sans rémunération bénéficient de ces expériences professionnelles.

Voici les principaux points de la position de la CES sur cette directive :

1. Rémunération obligatoire des stagiaires

La CES considère que les stagiaires doivent être traités comme des travailleurs à part entière. Ils doivent recevoir une rémunération décente, quel que soit le secteur dans lequel ils évoluent, afin de garantir qu’ils puissent couvrir les frais liés à leur stage (logement, transports, nourriture, etc.). Cela inclut également la nécessité d’une rémunération minimale, même dans les cas où le stage est une condition pour l’obtention d’un diplôme.

2. Lutte contre la précarité et les abus

La CES met en garde contre les dérives liées à des stages abusifs, où les jeunes sont souvent exploités pour remplacer des travailleurs salariés. La directive doit prévoir des mécanismes de contrôle efficaces pour éviter que les stages ne soient utilisés pour contourner les lois du travail, notamment en matière de salaires et de conditions de travail. De plus, la CES insiste sur le fait que les stages doivent avoir une finalité pédagogique claire, et non pas être une forme de main-d’œuvre gratuite.

3. Protection sociale pour les stagiaires

La CES plaide également pour que les stagiaires bénéficient d’une protection sociale complète (accès à la sécurité sociale, assurances, congés payés, etc.) pendant la durée de leur stage. Cela inclut également l’accès aux droits de formation et aux possibilités de certification des compétences acquises pendant le stage.

4. Règles claires pour tous les secteurs

Les règles sur la rémunération des stages doivent être harmonisées à l’échelle européenne pour éviter que certains pays ou secteurs deviennent des « paradis des stages non rémunérés ». La CES exige des garanties pour que tous les secteurs respectent les principes de rémunération et de traitement équitable des stagiaires, et que des sanctions soient prévues en cas de non-respect des règles.

5. Encouragement de la diversité et de l’égalité des chances

La CES souligne également que l’accès aux stages ne doit pas dépendre de la situation socio-économique des candidats. Les jeunes issus de milieux moins favorisés doivent avoir les mêmes opportunités que les autres. La rémunération des stages contribue ainsi à réduire les inégalités sociales et à favoriser l’inclusion professionnelle.

6. Un cadre de régulation européen La CES appelle à une régulation stricte au niveau européen pour encadrer les stages, et notamment la mise en place d’une directive contraignante qui impose une rémunération minimale et des garanties de conditions de travail équitables dans tous les États membres de l’Union Européenne. L’objectif est d’assurer une protection égale pour les stagiaires, indépendamment du pays dans lequel ils effectuent leur stage.

Temps libre et mobilités du quotidien : invitée par Forum Vies Mobiles, la FGTE présente ses propositions

Le 3 décembre 2024,  l’association, groupe de réflexion et d’expertise « Forum Vies Mobiles », restituait les résultats de sa dernière enquête participative sur les déplacements et les modes de vie à l’Académie du Climat à Paris. La FGTE-CFDT y était représentée par son secrétaire général pour une table ronde avec Marie Pochon, députée (groupe Ecologistes) et Annelise Avril, directrice des grands réseaux urbains (KEOLIS)

Cette enquête menée auprès de 12000 citoyennes et citoyens portait sur les mobilités liées au temps libre du quotidien : un sujet rarement traité bien qu’il concerne très directement les politiques de transport et de mobilité. Ainsi les Français-es disposent de 36 heures de temps libre par semaine en moyenne mais sur des temps fractionnés et passent autant de temps à se déplacer pour leurs loisirs que pour leur travail. Ils se déplacent toutefois moins loin et plus lentement dans ce cadre (environ 100 km par semaine en moyenne). 82% de ces déplacements sont effectués en proximité à moins de 20 km du domicile. Ces moyennes cachent de fortes disparités en fonction du revenu, de l’âge et surtout du genre, puisqu’une femme avec enfant voit son temps libre se réduire de 25% et les distances parcourues sur son temps libre limitées à une plus grande proximité.

Dans un avis co-rapporté par C. Caillet (CFDT) le Conseil économique social et environnemental (CESE) a pris la mesure d’une forte aspiration sociale à un meilleur équilibre entre temps de travail et temps libre, sans doute renforcée par la crise sanitaire de 2020-2021. Au-delà de cette aspiration générale à ce meilleur équilibre, plusieurs nouvelles modalités d’organisation du travail sont apparues : semaine de quatre jours, télétravail… Dans leur possibilité d’accès comme dans leur adéquation aux diverses situations de travail ces initiatives font l’objet d’appréciations diversifiées de la part des travailleuses et travailleurs. Dans le cadre d’une participation citoyenne réalisée par le CESE auprès de 10600 citoyennes et citoyens, on note par exemple que les plus jeunes générations veulent davantage sanctuariser un temps de déconnexion du travail, tandis que les générations d’actifs les plus anciens acceptent majoritairement une liberté de connexion-déconnexion au travail pour pouvoir s’organiser. Il existe une aspiration au temps libre continu chez les jeunes plus forte que chez les plus anciens qui préfèrent une flexibilité dans l’organisation. Les femmes se retrouvent majoritairement également dans l’aspiration à une plus grande liberté d’organisation mais cette tendance est directement reliable aux contraintes d’organisation plus fortes auxquelles elles restent davantage soumises que les hommes (accompagnement des enfants, exercice de plusieurs emplois à temps partiel…).Il y a donc aussi beaucoup d’inégalités dans l’accès réel au temps libre par l’utilisation de ces nouvelles formes d’organisation du travail et il existe par ailleurs le risque d’une plus forte intensification du travail en cas de concentration des activités sur un temps limité ou sur des possibilités de sollicitations professionnelles non régulées.

L’avis du CESE se garde de promouvoir une solution mais prône plutôt une ouverture de l’ensemble du panel des solutions aux situations réelles du travail en renforçant le dialogue social. Il pointe que la problématique du temps libre s’articule en fait autour de trois objectifs à atteindre par des mesures concrètes :

  • Le Temps libre à protéger : la notion doit être définie et protégée juridiquement car le temps libre et le temps de repos sont 2 notions bien différentes. Or il n’existe qu’une définition négative du temps libre dans le code du travail : tout ce qui n’est pas du temps de travail serait du temps libre ;
  • Le Temps libre à libérer (aides à la garde d’enfants, politiques sociales en direction des aidants : par exemple élargir le spectre des situations qui permettent de s’absenter au titre de l’aidance familiale), partage de responsabilités familiales ; mobilité, logement)
  • Le temps libre à valoriser, celui de l’engagement (prise en compte des compétences acquises au titre des activités associatives ou syndicales, droit à absence ; ).

Le premier objectif passe précisément par une définition explicite pour protéger le temps libre dans le code du travail comme un temps exempt de toute sujétion de l’employeur. Cela supposerait de revoir totalement les critères et conditions de l’astreinte en France, une modalité de travail très répandue dans les transports, qui reste très permissive en France. Pour entrer en conformité avec le droit européen, le recours à l’astreinte devrait être beaucoup plus limité et, s’il continue à être pratiqué, davantage assimilé à du temps de travail effectif.

Enfin l’avis du CESE porte un regard critique sur la tendance à la marchandisation du temps libre notamment par les moyens numériques qui sont susceptibles d’en aliéner une partie. Il s’agit donc de prôner une politique ambitieuse d’accompagnement du temps libre qui facilite l’accès à des loisirs collectifs et émancipateurs (création d’équipements culturels, sportifs, accessibles à tous).

Pour la FGTE, S. Mariani a rappelé ensuite certaines propositions soutenues par la CFDT en matière de mobilités pour favoriser l’accès de toutes et tous à plus de temps libre et une plus grande variété de loisirs.

L’avis du CESE « Quelles solutions pour des mobilités durables et inclusives en zones peu denses ? » montre qu’il n’y a pas de fatalité à une obligation d’utiliser sa voiture pour accéder aux loisirs de son choix et aux moments souhaités. Dans le cadre d’une participation citoyenne qui a réuni 10100 citoyennes et citoyens, l’accès aux loisirs ressort majoritairement en deuxième ou troisième place en fréquence de déplacements quotidiens. 13% des répondant-e-s seulement, plutôt les plus âgés, déclarent ne pas vouloir renoncer à leur voiture pour leurs déplacements quel qu’en soit le motif et même en présence de solutions alternatives. En revanche, à peine 4% estiment que les sorties la nuit ou en soirée sont un obstacle à l’utilisation d’une alternative à la voiture. Au global, cette enquête démontre d’abord une très forte attente pour le rédéveloppement de transports collectifs pour desservir leur territoire.

Parmi les préconisations portées pour répondre mieux à cette attente d’une meilleure accessibilité aux loisirs et aux lieux du temps libre, on peut citer :

  • La nécessité de modifier le code de l’urbanisme et de la construction pour imposer une desserte multimode des équipements de services essentiels (y compris équipements sportifs, culturels…)
  • La mise en place d’un forfait mobilités durables citoyen pour favoriser l’accès de toutes et tous à une offre de mobilités diversifiée en compensant les inégalités liées aux territoires les moins bien desservis,
  • Le redéveloppement des transports collectifs dans le cadre d’une programmation décennale des investissements (dont 40 milliards d’euros pour les mobilités du quotidien en zones peu denses) avec du confort et du service pour que le temps de transport ne soit pas du temps perdu, mais puisse permettre de travailler ou de se distraire ;
  • L’intérêt de promouvoir des expérimentations pratiquées par certaines entreprises pour favoriser l’inclusion de tout ou partie du temps de transport dans du temps de travail effectif (recours au télétravail pendent le temps de trajet…)
  •  La nécessité d’une concertation locale incluant les organisations syndicales (notamment celles représentant les travailleurs du transport) et des citoyens pour mieux faire correspondre la gestion des temps d’activité avec l’organisation des transports à l’échelle d’un bassin de vie ;
  • La nécessité d’un dialogue social territorial et notamment de clauses sociales dans les contrats d’opérateurs passés par les autorités organisatrices de transports pour anticiper et concilier les besoins de la population en flexibilité de l’offre et les attentes des travailleurs des transports (métiers en tension avec horaires décalés, notamment nuits et week-ends…).

La FGTE-CFDT a fait siennes l’ensemble des préconisations des deux avis du CESE qu’elle continuera de porter auprès des pouvoirs publics avec un cap : protéger le temps libre pour toutes et tous, concilier les aspirations légitimes des populations à accéder à un temps libre émancipateur et préserver le droit des travailleurs des transports et de l’environnement à des conditions d’emploi dignes et à une meilleure qualité de vie.

Pour en savoir plus :

Enquête de Forum Vies Mobiles 2024 sur la mobilité liée au temps libre du quotidien 

Avis du CESE sur l’articulation des temps de vie professionnel et personnel

Avis du CESE sur les mobilités durables et inclusives en zones peu denses