Les syndicats européens appellent l’UE à des sanctions immédiates contre Israël

Bruxelles, 24 septembre 2025 — À l’issue d’une rencontre avec l’ambassadeur de Palestine auprès de l’Union européenne, les principales organisations syndicales européennes ont publié une déclaration commune appelant à une réaction plus ferme et cohérente de la part de l’UE face à la situation dramatique dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.

Un appel à l’action et non plus aux déclarations

La Confédération européenne des syndicats (CES) et plusieurs Fédérations syndicales européennes dont ETF (fédération européenne des travailleurs des transports) à laquelle la FGTE CFDT est affiliée ont salué la récente Déclaration de New York réaffirmant la solution à deux États comme voie vers une paix durable au Proche-Orient. Elles appellent désormais l’Union européenne et ses États membres à aller au-delà des mots en adoptant des mesures concrètes, y compris des sanctions économiques immédiates contre Israël.

Suspension de l’accord UE-Israël et interdiction des produits des colonies

Les syndicats demandent notamment la suspension totale de l’accord d’association UE-Israël, en réaction aux violations répétées du droit international humanitaire, et l’interdiction des relations commerciales avec les colonies israéliennes situées dans les territoires palestiniens occupés. Ces colonies, jugées illégales par les Nations Unies, doivent être exclues de tout commerce européen afin d’éviter toute complicité dans les atteintes aux droits des Palestiniens.

Condamnation de l’opération militaire à Gaza et de l’expansion coloniale

Les organisations syndicales ont exprimé leur plus ferme condamnation de la récente opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, qualifiée de « massive » et ayant fait de nombreuses victimes civiles. Elles dénoncent également le projet de colonie E1 en Cisjordanie, considéré comme une tentative d’annexion illégale.

Rappelant que la famine utilisée comme arme de guerre est un crime selon la Cour pénale internationale, les syndicats appellent l’UE à prendre ses responsabilités face aux violations documentées par des instances internationales, y compris celles relevant potentiellement du crime de génocide.

Soutien au peuple palestinien et à ceux qui refusent la guerre

La déclaration appelle également à renforcer le soutien financier à l’UNRWA et à l’Autorité palestinienne, afin de permettre le paiement des salaires des travailleurs palestiniens. Elle dénonce par ailleurs la criminalisation des travailleurs européens ayant manifesté leur solidarité avec la Palestine ou ayant refusé de charger des cargaisons d’armes à destination d’Israël.

Des sanctions ciblées contre les colons violents et les ministres extrémistes

Enfin, les syndicats exigent des sanctions individuelles contre les colons violents et contre certains ministres israéliens accusés d’incitation à la haine et à la violence. Ils réclament également la suspension du financement du programme Horizon Europe à Israël et la mise en pause du soutien bilatéral.

Un message clair : le temps des paroles est révolu

« Le temps des avertissements et des déclarations est révolu depuis longtemps », conclut la déclaration. Les syndicats appellent l’Union européenne à agir avec détermination et sans délai, en conformité avec ses propres valeurs et ses engagements en matière de droits humains, afin de promouvoir une paix juste et durable, fondée sur le droit international et la reconnaissance de deux États vivant côte à côte en sécurité.

Pour lire la déclaration commune, cliquez ici

Le Cahier d’Acteur : c’est quoi ?

Vous trouverez, ci-dessous, la vidéo de présentation du Cahier d’Acteur réalisée par le Secrétaire Général de la FGTE, Sébastien MARIANI.

Parcourez-le, en cliquant sur le visuel ci-dessous.

Sous-traitance dans la logistique : un modèle d’exploitation dénoncé au Parlement européen

Bruxelles, 24 juin 2025 – Une audition publique organisée le 24 juin au Parlement européen a levé le voile sur l’ampleur de l’exploitation dans le secteur de la logistique en Europe. À l’initiative de la députée européenne Estelle Ceulemans(S&D), la séance a réuni syndicalistes, chercheurs, représentants de la Commission européenne et responsables d’agences européennes, autour d’un rapport accablant intitulé « Sorry, we subcontracted you » soit « pardon, nous vous avons sous-traité », publié par la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF) et l’Institut syndical européen (ETUI).

 Un système de sous-traitance organisé pour éroder les droits

Le rapport met en lumière un usage massif et structuré de la sous-traitance dans la logistique, qui permet aux grandes entreprises de déléguer leurs responsabilités sociales et juridiques à des chaînes d’intermédiaires diluant ainsi la responsabilité. Résultat : des conditions de travail dégradées, des salaires en baisse, un affaiblissement de la négociation collective et une précarité croissante, notamment pour les travailleurs migrants et détachés.

Ce phénomène ne relève pas d’un dysfonctionnement mais d’un modèle économique délibéré, selon les auteurs. De nombreux témoignages ont décrit des chauffeurs surexploités, des livreurs sans couverture sociale, et des licenciements abusifs lorsque des sous-traitants disparaissent du jour au lendemain.

 Une chaîne logistique opaque et volatile

Les intervenants ont insisté sur la complexité des chaînes de sous-traitance, qui rend souvent impossible l’identification de l’employeur réel. Ce manque de transparence est aggravé par le recours à des entreprises “boîtes aux lettres”, la courte durée de vie des sous-traitants, et la fragmentation des responsabilités.

Les algorithmes de gestion du travail accentuent cette opacité, en dictant des rythmes intenses, sans espace pour la négociation collective ni pour la sécurité.

Une réponse européenne encore trop timide

Stefan Olsson, directeur à la DG Emploi de la Commission européenne, a reconnu l’ampleur du problème :

« Il y a une très forte pression sur la négociation collective et beaucoup de risques sociaux. »

Il a rappelé le rôle de l’Autorité européenne du travail (ELA), créée il y a cinq ans, qui commence à mener des inspections conjointes transfrontalières. Toutefois, 57 inspections dans le transport en cinq ans restent largement insuffisantes au regard de l’ampleur du phénomène, c’est ce qui a été mis en avant par Céline Ruffié, représentante FGTE-CFDT.

Des recommandations concrètes mais urgentes

Parmi les recommandations du rapport ETF/ETUI et des syndicats présents :

  • Interdire la sous-traitance des activités principales des entreprises ;
  • Limiter la longueur des chaînes de sous-traitance ;
  • Responsabiliser juridiquement l’entreprise donneuse d’ordre à chaque niveau de la chaîne ;
  • Renforcer massivement les inspections du travail, notamment au niveau transnational ;
  • Soutenir l’accès à la justice pour les travailleurs, avec le droit pour les syndicats d’agir en justice ;
  • Faciliter l’activité syndicale auprès des travailleurs sous-traités et isolés ;
  • Adopter une feuille de route européenne pour des emplois de qualité, comme le prévoit le socle européen des droits sociaux.

 Un enjeu politique majeur

La confédération européenne des syndicats (CES), par la voix d’Esther Lynch, a dénoncé un système qui « élimine les droits des travailleurs au nom du profit ».

« Ce n’est pas un modèle, c’est une arnaque. Nous avons besoin d’une Europe qui protège. »

Plusieurs eurodéputés, dont Marianne Vind (S&D) et Estelle Ceulemans (S&D), appellent à une réforme législative ambitieuse pour sortir de la logique d’exploitation.

Mais des tensions politiques émergent : certaines forces (notamment PPE) souhaitent relever les seuils d’application de la directive sur le devoir de vigilance à 5000 salariés, ce qui exclurait la majorité des entreprises de la logistique du champ d’application. Par exemple, en France il n’y aurait plus que 22 entreprises qui seraient concernées d’après la députée Estelle Ceulemans.

Quelle Europe voulons-nous ?

En toile de fond, une question traverse le débat : l’Union européenne choisira-t-elle la voie de la compétitivité à tout prix ou celle de la justice sociale ?

Pour les syndicats, la révision des règles de sous-traitance, les marchés publics et le rôle renforcé de l’ELA sont des leviers concrets pour construire une économie plus juste.

« Il est temps de restaurer la confiance dans l’Europe, et cela passe par des emplois dignes », a résumé un participant.

Conférence ETF Road à Bruxelles : la CFDT alerte sur la situation critique du transport routier

Bruxelles, 15 avril 2025 – À l’occasion de la conférence « ETF Road » organisée par la Fédération européenne des travailleurs des transports (ETF), Kamal El Jaouhari, représentant de l’UF route FGTE-CFDT, a pris la parole pour défendre les droits des conducteurs routiers et alerter sur les graves dysfonctionnements du secteur en France et en Europe.

Un constat alarmant sur le terrain

En réaction à la présentation de Michael Wahl (FAIR TRANSPORT), centrée sur l’application du Paquet Mobilité, Kamal El Jaouhari a rappelé que les conditions d’accueil des conducteurs dans les plateformes logistiques se sont fortement dégradées.

« De nombreuses plateformes ferment désormais leur parking le soir et interdisent l’accès aux conducteurs, y compris à ceux qui doivent charger ou décharger leur véhicule, alors que ces tâches devraient incomber aux plateformes elles-mêmes. »

 Des moyens de contrôle largement insuffisants

La CFDT a également pointé le manque de moyens pour faire respecter la réglementation. Avec seulement environ 400 agents DREAL chargés du contrôle sur tout le territoire français, les infractions liées au cabotage illégal, au non-respect du repos hebdomadaire ou encore aux obligations sociales restent trop souvent impunies.

« Il est urgent que l’État recrute et forme davantage de contrôleurs pour garantir l’effectivité du Paquet Mobilité. »

Une action concrète contre le dumping social

Kamal El Jaouhari rappelé que la CFDT siège dans les commissions territoriales des sanctions administratives, qui peuvent prononcer des interdictions temporaires de cabotage contre les entreprises en infraction. Cette mesure dissuasive vise à protéger les entreprises françaises et lutter contre la concurrence déloyale.

« Ces sanctions – jusqu’à un an d’interdiction de cabotage – sont un levier essentiel pour stopper les pratiques abusives de certains transporteurs étrangers. »

Une hécatombe économique en 2024

La CFDT a également tiré la sonnette d’alarme face à la situation économique du secteur : plus de 60 000 entreprises de transport ont fait faillite en France en 2024.

« Le secteur est au bord du gouffre. Sans mesures concrètes pour lutter contre le dumping social et améliorer la rentabilité des entreprises, c’est tout un pan de notre économie qui est en péril. »

Attirer les jeunes ? Oui, mais pas à n’importe quel prix

La deuxième partie de la journée a été consacrée à l’attractivité du métier. Sur ce point, la CFDT a exprimé de vives inquiétudes quant à la proposition d’autoriser les jeunes de 17 ans à conduire des poids lourds.

« Il est irresponsable de confier un véhicule de cette taille à un mineur. L’attractivité ne peut pas se faire au détriment de la sécurité. »

Pour la CFDT, la revalorisation des salaires et l’amélioration des conditions de travail sont les vraies clés pour redonner de l’élan à la profession. Elle attend également la publication d’un décret sur la question du chargement et du déchargement, comme cela a été fait en Espagne et au Portugal.

L’UF route de la FGTE-CFDT mobilisée pour un transport routier plus juste

À travers cette intervention à Bruxelles, la CFDT réaffirme son engagement pour un transport routier plus humain, plus équitable et plus respectueux des droits sociaux. « Nous ne lâcherons rien sur la défense des conducteurs et la régulation du secteur. L’Europe doit avancer vers une harmonisation par le haut, pas vers une concurrence destructrice. » – Kamal El Jaouhari, FGTE-CFDT.

Anniversaire de ratification :  6 ans de la Convention n°190 de l’OIT contre la violence et le harcèlement au travail

La France a ratifié la convention : et maintenant ?

Il y a six ans, le 21 juin 2019, l’Organisation internationale du travail (OIT) adoptait un texte majeur : la Convention n°190 (C190) et la recommandation 206 (R206) sur la violence et le harcèlement dans le monde du travail.
Un texte fondateur qui reconnaît enfin que le droit à un monde du travail exempt de violence et de harcèlement est un droit fondamental.

  •  Une avancée historique

La C190 est la première norme internationale à s’attaquer de manière globale à la question de la violence et du harcèlement, y compris la violence fondée sur le genre, qu’elle soit physique, psychologique, sexuelle ou économique. Elle protège toutes les personnes au travail, quels que soient leur contrat, leur secteur ou leur statut, et reconnaît l’impact disproportionné de ces violences sur les femmes et les personnes marginalisées.

  • La France parmi les premiers pays à ratifier

La France a ratifié la Convention C190 le 1er mars 2021, devenant ainsi l’un des tout premiers pays au monde à officialiser son engagement. Cette ratification a été saluée comme un signal fort. Elle oblige désormais l’État français à adapter ses lois, ses politiques et ses pratiques afin de garantir la mise en œuvre de ses principes.

Mais ratifier ne suffit pas : il faut maintenant appliquer.

Le gouvernement est maintenant tenu de soumettre son tout premier rapport sur la mise en œuvre de la C190.

Dans le cadre de ce processus, les gouvernements sont tenus de solliciter la contribution des représentants des travailleuses et travailleurs. Cette demande de contribution est spécifiquement inscrite dans la convention 144 sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail.

Les syndicats de travailleuses et travailleurs ont également la possibilité de soumettre des rapports alternatifs.

  • Des secteurs encore très exposés : le cas des transports

Dans de nombreux secteurs, la violence et le harcèlement restent une réalité quotidienne, en particulier dans les métiers en contact avec le public. Les travailleuses des transports, notamment, sont fréquemment exposées aux insultes, menaces, agressions, parfois même dans l’indifférence des directions ou sans véritable protection.

Le Comité des femmes de l’ETF (Fédération européenne des travailleurs des transports) a récemment lancé une enquête sur la violence à l’encontre des travailleuses du secteur, afin de mieux documenter ces situations et d’exiger des mesures concrètes.

👉 Participer à l’enquête (FR) en cliquant ici ou en scannant le QR code sur le visuel ci-dessous :

  •  Ce que la ratification implique réellement

En ratifiant la C190, la France s’est engagée à :

  1. Adopter une législation interdisant clairement la violence et le harcèlement au travail
  2. Renforcer les moyens de prévention, notamment par la formation, les politiques de sensibilisation, et la protection des victimes
  3. Permettre aux salarié·es de faire valoir leurs droits, y compris via des recours accessibles et efficaces
  4. Dialoguer avec les partenaires sociaux, pour construire des milieux de travail sûrs et respectueux

6 ans après : le combat continue

La ratification française est une étape, mais le chemin vers une application effective reste long.
Les violences sexistes et sexuelles, les discriminations, le harcèlement moral ou organisationnel ne disparaîtront pas sans volonté politique, moyens concrets et dialogue social réel.

Nous rappelons que :

  • Chaque travailleur·euse a droit à un environnement sans violence ni peur
  • Le monde syndical, les institutions et les entreprises doivent rendre la C190 vivante
  • Les témoignages des victimes doivent être entendus, crus et suivis d’effets

La Convention 190 est une boussole : à nous de tracer la voie.

Tarifs douaniers américains, position de la CES : l’UE doit agir d’urgence pour protéger l’emploi

Face à la menace d’une hausse des droits de douane américains jusqu’à 30 %, la Confédération européenne des syndicats (CES) appelle l’Union européenne à prendre des mesures rapides et ambitieuses pour sauvegarder les emplois et la production.

L’économie européenne subit déjà les effets négatifs des tarifs américains actuels : un droit de douane général de 10 % sur l’ensemble des produits, ainsi que des taxes de 25 % ciblant des secteurs clés tels que l’automobile, l’acier et l’aluminium. La perspective d’une augmentation à 30 % de ces tarifs, qui pourrait pousser des entreprises à délocaliser leur production hors d’Europe, doit être considérée comme une situation d’urgence par les institutions européennes.

Selon une étude de l’Institut syndical européen, un tarif de 20 % mettrait en danger au moins 700 000 emplois dans l’UE, sans même compter les secteurs déjà fortement impactés. La Banque centrale européenne évalue quant à elle les pertes économiques potentielles à 160 milliards d’euros. Une hausse à 30 % aggraverait dramatiquement cette situation.

Les revendications de la CES pour protéger l’emploi

Face à ce contexte, la CES appelle la Commission européenne à intervenir immédiatement avec des mesures concrètes et ambitieuses, notamment :

  • La mise en place de mécanismes d’urgence pour accompagner les entreprises et les salariés touchés, à l’image d’une initiative « SURE 2.0 » visant à protéger l’emploi et la production européenne.
  • La suspension des règles de gouvernance économique de l’UE, afin de permettre aux États membres d’adopter des politiques économiques destinées à défendre les secteurs industriels stratégiques.
  • La création d’un mécanisme d’investissement permanent, avec des conditions sociales strictes, pour combler le déficit d’investissement public nécessaire à la création d’emplois de qualité et à une économie innovante, autonome et durable.
  • Le renforcement du dialogue social au niveau européen et national, pour garantir que la voix des travailleurs soit pleinement prise en compte dans les décisions et politiques industrielles.
  • Le soutien à la demande intérieure via une revalorisation des salaires et la promotion de la négociation collective, accompagnés d’initiatives législatives pour assurer des transitions justes et anticiper les transformations économiques.
  • La mise en place éventuelle de mesures pour contrôler la spéculation et limiter la hausse des prix des biens essentiels, afin d’éviter une nouvelle crise du coût de la vie.
  • Un appel à la Banque centrale européenne pour qu’elle n’augmente pas ses taux d’intérêt en réponse aux hausses de prix causées par ces tarifs, mais qu’elle les diminue si nécessaire.

Défendre les standards européens face aux pressions américaines

La CES rappelle que l’UE doit continuer à investir dans la transition écologique et numérique tout en protégeant sa base industrielle et son tissu social. « L’Europe ne doit pas être poussée à renoncer à son modèle social, à ses normes, à ses valeurs et à ses droits », insiste Esther Lynch, secrétaire générale de la CES.

Elle appelle aussi à reprendre les négociations commerciales avec les États-Unis pour éviter ces mesures douanières préjudiciables, tout en rejetant fermement l’idée que les protections sociales et environnementales européennes constituent une distorsion de concurrence. Ces règles sont des garanties indispensables pour tous les acteurs sur le marché européen.

La CES se dit prête à collaborer avec les institutions européennes, les employeurs et les gouvernements nationaux pour bâtir une stratégie industrielle résiliente, inclusive et bénéfique à tous les Européens.